Alors que le nouveau Front populaire a proposé le nom de Lucie Castets comme représentante à Matignon en juillet 2024, après avoir envisagé ceux d’Huguette Bello et Laurence Tubiana, quel fut le sort réservé aux trois premières femmes ministres du Front Populaire après leur entrée au gouvernement de Léon Blum en mai 1936 ? Entre phobie des grèves et antisémitisme débridé à droite et crainte d’un suffrage féminin sous influence cléricale à gauche, l’étau français dessert le féminisme. Avec Irène Joliot-Curie, Cécile Brunschvicg et Suzanne Lacore, le Front populaire sera une timide rampe de lancement féministe. Plongée dans les archives du début d’une émancipation politique.
Trois femmes font leur entrée au gouvernement de Léon Blum en 1936. Replongeons-nous dans l’époque : phobie des grèves et antisémitisme débridé à droite ; crainte d’un suffrage féminin sous influence cléricale à gauche. L’étau français dessert le féminisme.
Nommée le 4 juin 1936 sous-secrétaire d’État auprès de Jean Zay, ministre de l’éducation nationale, Cécile Brunschvicg (1877-1946) était la moins à gauche des trois impétrantes du premier gouvernement Blum. Mais son féminisme bourgeois devait évoluer.
En nommant Suzanne Lacore sous-secrétaire d’État à l’enfance, Léon Blum choisit une socialiste institutrice de la campagne périgourdine, qui milite depuis trente ans. Sans relâche. Contre le système capitaliste d’abord et subsidiairement pour la cause des femmes.
Proche de la galaxie communiste, Irène Joliot-Curie, prix Nobel de chimie en 1935, apparaît comme la nomination la plus audacieuse de Léon Blum. Elle ne fera que passer. Non sans marquer de son empreinte le sous-secrétariat d’État à la recherche scientifique.
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