Dossier Accidents du travail, ces victimes qu’on ne veut pas voir
Chaque jour en France, deux personnes meurent au travail en moyenne. Bien plus se blessent, plus ou moins gravement. Une hécatombe invisible, très rarement au centre des débats politiques ou médiatiques, mais qui dit beaucoup des inégalités qui persistent dans le monde du travail.
Le jeune ouvrier est décédé en juillet dans un dramatique accident du travail. En mai et juin, trois jeunes mineurs avaient été tués dans d’autres accidents. Les moins de 25 ans sont particulièrement vulnérables au travail, en raison de la précarité des postes qu’ils occupent souvent.
Victimes de leurs charges explosives, deux pisteurs sont morts en 2019 sur un domaine skiable de Haute-Savoie administré par la Compagnie des Alpes. Depuis, leurs familles se battent pour obtenir des réponses sur ces décès et questionnent la responsabilité de l’employeur.
L’entreprise et deux de ses salariés sont renvoyés devant le tribunal de Nîmes après la mort d’un salarié happé par une machine. L’enquête a révélé de graves dysfonctionnements. Depuis 2014, cinq accidents graves dont trois mortels ont été recensés chez Paprec. Prévue le 12 juin, l’audience a été reportée.
La direction des infrastructures de l’entreprise promet entre 300 et 500 euros à ses agents si le nombre d’accidents du travail avec arrêt est divisé par deux, voire trois en 2025. La CGT y voit une incitation à ne plus les déclarer et regrette qu’aucune mesure de prévention n’accompagne cette prime.
Trois hommes ont été ensevelis par un mur qui s’est effondré sur le chantier d’un bâtiment agricole. Une enquête pour homicide involontaire dans le cadre du travail est ouverte. Plus de 80 personnes sont mortes au travail depuis janvier en France.
Christophe Risdorfer a été condamné à six mois ferme pour homicide et blessures involontaires, à la suite d’un feu de forêt ayant entraîné la mort d’un pompier et les blessures graves de trois autres en 2016. Quatre officiers ont été reconnus coupables. Inédite, la décision de justice fera date.
L’exposition à des températures trop élevées est un risque encore trop mal considéré par les employeurs, comme le montre la synthèse, révélée par Mediapart, des 1 500 contrôles réalisés par l’inspection du travail de juin à septembre 2024. Les situations « alarmantes » ne diminuent que lentement.
La multinationale pétrolière est de nouveau poursuivie pour plusieurs manquements au Code du travail. Elle devra comparaître devant le tribunal correctionnel du Havre à la suite de la mort d’un salarié d’une entreprise sous-traitante, survenue en 2019 dans sa raffinerie de Gonfreville-l’Orcher.
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Mediapart révèle que le tribunal correctionnel de Montpellier a condamné l’entreprise de propreté à 50 000 euros d’amende après la mort d’un salarié en 2019, écrasé par un chariot élévateur. La société avait plaidé la relaxe, rejetant violemment la responsabilité sur le défunt.
En sept ans, l’inspection du travail a transmis à la justice 7 500 dossiers comprenant une infraction à la sécurité de la part d’une entreprise, selon des chiffres obtenus par Mediapart. Moins d’un tiers ont fait avec certitude l’objet d’une réponse pénale. Et dans 65 % des cas, on ignore les débouchés des signalements.
Deux ans après l’accident de Moussa Sylla, agent d’entretien mort au sous-sol de l’Assemblée nationale, le procès s’est tenu vendredi 25 octobre à Paris. Le parquet poursuit l’entreprise qui l’employait et ses dirigeants pour homicide involontaire.
Du fait de leur précarité, les salariés intérimaires sont deux fois plus exposés aux accidents du travail. Le combat pour protéger leur santé et leur sécurité se mène notamment sur le terrain juridique. Début juillet, un décret a durci les règles pour les entreprises qui y font appel.
La cour d’appel a condamné le 15 mai l’entreprise à 225 000 euros d’amende, et presque 100 000 euros de divers dommages-intérêts. Il y a plus de dix ans, Benjamin Paillet n’avait pas survécu à une explosion sur le site alimentant en carburant les fusées et missiles d’ArianeGroup.
Qui sait qu’en 2022, on a compté deux morts au travail tous les jours en France, rien que pour les salariés du privé ? Il faut y ajouter les maladies professionnelles, dont de nombreux cancers. Un sujet quasi tabou que nos trois invitées tentent sans relâche de mettre en lumière.
On savait les inspecteurs du travail en nombre insuffisant pour faire appliquer le droit. Mais même lorsque des procès-verbaux sont dressés contre des employeurs, ils sont souvent ignorés par les parquets. Rue89 Lyon révèle que le champion de cette discipline est le procureur de Lyon.
Un travailleur de 25 ans est mort mercredi dans le sous-sol du magasin de la Madeleine à Paris. Depuis plusieurs jours, salariés et syndicats alertaient sur les risques de la nouvelle organisation de réception des marchandises. Le parquet a ouvert une enquête pour « homicide involontaire ».