Dans l’ex-Languedoc-Roussillon, l’extrême droite s’affiche sans relâche auprès des agriculteurs en colère. Berceau des révoltes vigneronnes, le Midi rouge, alors associé à la gauche communiste et socialiste, a tendance à virer au brun.
Le politiste Guillaume Letourneur, spécialiste du Rassemblement national en zone rurale, revient sur la stratégie du parti d’extrême droite pour se positionner comme le porte-parole d’une France des campagnes menacée « d’effacement ».
Courtisée par l’extrême droite, la Coordination rurale est un des acteurs de la mobilisation en cours. Elle se bat à la fois contre la mondialisation et les mesures écologiques, avec des méthodes parfois violentes. Les appels à bloquer Paris lundi se multiplient.
Le gouvernement a promis dimanche un « dispositif défensif important » face à la volonté d’agriculteurs d’entamer un « siège » de Paris à partir de lundi, tandis que la FNSEA a prévenu que la mobilisation de la profession resterait « totale ».
Le secteur agricole est d’abord un secteur capitaliste confronté à une pression à la baisse de sa rentabilité qui doit faire face à la double crise écologique et économique.
Mathieu Favodon, éleveur auvergnat de bovins, n’a pas envie de se joindre aux manifestations, récupérées, selon lui, par la FNSEA et la Coordination rurale. Mais il se dit solidaire du mouvement car il voit se dégrader ses conditions de vie. Il juge que les annonces du gouvernement ne suffiront pas.
Quelques jours de blocages routiers, sous la bénédiction des autorités, auront suffi pour décrocher le maintien de la niche fiscale sur le gazole agricole et plusieurs mesures de simplification. Rien n’a été annoncé, en revanche, sur les revenus, racine profonde du malaise. Et la FNSEA appelle à poursuivre le mouvement.
Le ministre de l’intérieur assume ses consignes d’indulgence à l’égard des agriculteurs. Une position qui détonne au regard de la répression des luttes sociales ou écologistes et des quartiers populaires. Mais qui s’explique par la proximité des élections européennes.
Feu devant la préfecture, autoroute bloquée : le Lot-et-Garonne est un des points chauds de la mobilisation agricole. La Coordination rurale, classée à droite, y occupe le terrain. Rejet de l’agroindustrie, progression du bio et déni climatique : ses positions sont déroutantes.
Galvanisés par un arrêté du Conseil d’État leur interdisant de pêcher dans le golfe de Gascogne, du Pays basque au Finistère, des pêcheurs-artisans bretons ont en tête une potentielle convergence des luttes contre l’Europe et les normes.
Dans les cortèges de tracteurs qui ont convergé vers Strasbourg mercredi, les agriculteurs se sont confiés sur leur baisse de revenus. Ils dénoncent des prix de vente qui chutent, une concurrence avec des pays aux normes moins contraignantes et des augmentations de charges.
Quelque 270 tracteurs ont convergé vers la préfecture de la Creuse à l’appel de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs. La mobilisation a dépassé leurs espérances – beaucoup de jeunes, non adhérents, sont venus –, témoignant d’un malaise général dans la profession.
Les tracteurs sont sortis des fermes, les blocages routiers se multiplient, et contrairement à la répression qui a visé d’autres mobilisations sociales, le gouvernement ne lève pas le petit doigt. Entretien avec l’historien de la société paysanne Édouard Lynch.
La mort d’une agricultrice et de sa fille mardi, à la suite d’un accident survenu sur un barrage en Ariège, provoque la tristesse dans le monde paysan. Sans affaiblir la mobilisation. À l’Assemblée, le deuil a très vite laissé place à la querelle.
Alors que les blocages se multiplient et que le projet de loi du ministre de l’agriculture a été repoussé, Aurélie Trouvé (LFI) et Pascal Lecamp (MoDem) débattent à propos d’un texte censé apporter des réponses au déclin du monde agricole.
Des Pays-Bas à l’Allemagne en passant par l’Espagne, les formations d’extrême droite espèrent tirer profit du malaise des agriculteurs à l’approche des élections européennes.