Le Lot-et-Garonne est à l’avant-poste de la colère agricole. Département agricole aux petites exploitations et aux 60 cultures, il incarne dans toute sa diversité une bataille idéologique autant qu’économique. Cinq agriculteurs et agricultrices témoignent.
Le ministre de l’agriculture Marc Fesneau appelle à sa « simplification » mais le problème est systémique. Depuis 1992, la PAC a pris un tournant néolibéral jamais démenti depuis. L’Europe a détruit toutes les mesures de protection pour y substituer des aides uniques et indifférenciées qui favorisent productivisme et accumulation capitalistique.
Les États-Unis n’ont jamais abandonné la politique de régulation pour leur agriculture, mise en place depuis le New Deal. Prix garantis et aides contracycliques restent les outils d’intervention pour protéger ce secteur toujours considéré comme stratégique.
Gabriel Attal et Marc Fesneau veulent bloquer l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur. Mais des ONG s’inquiètent d’une simple manœuvre dilatoire d’ici aux européennes. Décryptage d’une position française ambiguë.
Dans une troisième intervention en moins d’une semaine, le premier ministre a annoncé une pause dans la réduction des pesticides. Bercy allège des impôts et promet le contrôle des chaînes de supermarchés. La FNSEA appelle à « rentrer dans les fermes ».
Sophie Errante est allée cette semaine à la rencontre des manifestants ayant élu domicile sur un rond-point à quelques kilomètres de Nantes. La parlementaire Renaissance a tenté d’expliquer que rien ne se réglera d’un coup de baguette magique.
Le syndicat agricole majoritaire a obtenu de Gabriel Attal la mise sous tutelle de l’Office français de la biodiversité, et réclame toujours la fin de l’autonomie de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail sur les pesticides.
La simplification administrative est l’une des revendications des agriculteurs. Les aides de la PAC, essentielles, s’accompagnent de contraintes de plus en plus complexes et de nombreux contrôles. Récits de deux éleveurs bio.
Alors que le gouvernement en avait fait une « ligne rouge » à ne pas franchir, des dizaines d’agriculteurs en colère ont tenté mercredi de pénétrer dans le marché de Rungis, en région parisienne, avant d’être aussitôt interpellés.
Le gouvernement a beau taper du poing sur la table pour choyer le pouvoir d’achat des agriculteurs, ses mesures sont contournées par la grande distribution et par les industriels de l’agroalimentaire. Et ce malgré les trois lois Egalim censées garantir un meilleur équilibre des relations commerciales.
César du meilleur documentaire 2025, le film de Gilles Perret, qui raconte cinquante ans de la vie d’une ferme en Haute-Savoie, montre l’envers de l’agriculture intensive qui broie les vies et les écosystèmes. Loin des caricatures sur le monde paysan, il offre un témoignage rare et hautement politique dans le contexte de sa sortie.
Très attendu sur l’agriculture, Gabriel Attal n’a pas dévié, dans son discours de politique générale, de ce qu’il avait déjà annoncé vendredi. Et tout en promettant de « désmicardiser » la France, il a soigneusement évité de parler des revenus du secteur agricole.
Le politiste Andy Smith décrit les ressorts anciens d’un modèle agricole devenu insoutenable, et les remèdes structurels qui seraient nécessaires : administration des prix, plan de désendettement conditionné aux bonnes pratiques, régulation commerciale…
Après avoir longtemps délaissé la bataille culturelle dans le monde agricole, la gauche tente de rattraper son retard. C’est le cas à Guéret, dans la Creuse, où la députée LFI Catherine Couturier dialogue avec des syndicats plutôt hostiles.
Des milliers de tracteurs bloquent des autoroutes dans une grande partie du pays. La colère agricole a monté d’un cran lundi 29 janvier. Le gouvernement annonce vouloir prendre des mesures dès mardi. Reportage dans le Lot-et-Garonne et dans le Val-d’Oise.
Depuis le début de la révolte des agriculteurs, CNews, « Touche pas à mon poste » ou encore le JDD, multiplient les gestes de soutien envers le monde agricole. Avec un double objectif : capter la colère agricole et la diriger contre les adversaires désignés de la paysannerie, écologistes et Europe en tête.