Les agriculteurs se mobilisent contre les normes, la «paperasse», le retrait progressif de l’avantage fiscal sur le gasoil, la baisse de leurs revenus, etc. Une colère hétéroclite et hétérogène qui a pour point commun la peur de disparaître.
Le projet de loi agricole est présenté mercredi matin en conseil des ministres. Censé au départ aider à l’installation d’une nouvelle génération en agriculture, le texte facilite surtout la construction de projets productivistes, comme les mégabassines.
À l’Assemblée nationale comme au Parlement européen, le Rassemblement national est très inconstant en matière de politique agricole. Les sorties de Jordan Bardella depuis le début de la colère du secteur cachent une méconnaissance des dossiers.
Grâce à des accords passés en Tunisie et au Maroc, le syndicat agricole a décidé de fournir des « saisonniers hors Union européenne » aux agriculteurs. Elle fait des prix de gros et recommande d’éviter de parler de « migrants ».
L’émission de France 2 « Complément d’enquête », consacrée jeudi soir à la FNSEA, révèle le montant de la rémunération d’Arnaud Rousseau par sa société Avril : 187 000 euros en 2022. Sans compter ses autres revenus liés à ses multiples casquettes.
L’entreprise d’Arnaud Rousseau est devenue leader sur le marché des « biocarburants ». Son or jaune, c’est le colza. La société a prospéré grâce à une réglementation sur mesure et à un important rabais fiscal.
Le principe des prix planchers, lancé à l’improviste par le chef de l’État, agite toute la classe politique. Impossible cependant d’instaurer de tels mécanismes sans l’Europe et sans régulation de l’offre, et donc sans revenir sur la dérégulation des politiques agricoles communes à l’œuvre depuis trente ans.
Le député LFI a débattu pendant plus d’une heure avec le syndicat qui a marqué la récente mobilisation par ses actions coup-de-poing. Leur discussion a fait apparaître des convergences insoupçonnées, malgré un désaccord indélébile sur les mégabassines.
Mardi 27 février, les eurodéputés ont voté une loi actant la restauration d’au moins 20 % des écosystèmes d’ici à 2030. À trois mois des élections européennes, ce texte a été largement détricoté après une vaste offensive anti-écologiste de la droite et de l’extrême droite.
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Les télés sont braquées sur lui mais les agriculteurs présents Porte de Versailles veulent « du concret ». Omniprésente dans les allées dimanche, la tête de liste du RN pour les prochaines élections européennes ne convainc pas davantage que le gouvernement.
Depuis 2021, la loi sanctionne en théorie l’affichage de drapeaux tricolores sur les aliments dont les ingrédients ne sont pas produits en France. Mais le gouvernement n’a jamais publié le décret, qu’il estime contraire au droit européen. En magasin, des marques exploitent la faille.
Le salon de l’agriculture s’est ouvert ce samedi dans la confusion la plus complète. Emmanuel Macron a été chahuté par des syndicalistes tout au long d’une visite pourtant barricadée par les forces de l’ordre.
Gabriel Attal a présenté, mercredi matin, les dernières propositions du gouvernement pour répondre à la colère agricole, alors que le Salon de l’agriculture ouvre ses portes samedi. Sans surprise, plusieurs questions restent sans réponse.
Le système de formations censé accompagner l’installation des nouveaux paysans favorise l’ordre établi, au détriment des profils non issus du milieu et d’une agriculture plus écologique.
Face à la colère des agriculteurs, le gouvernement met « en pause » le plan destiné à réduire l’usage de pesticides. Françoise Binet, du CNRS, explique que leur effet sur la biodiversité est pourtant tellement massif qu’« on en vient à se demander s’il y a des endroits sur Terre qui ne sont pas contaminés ».
Pour calmer la colère paysanne, Gabriel Attal a cédé aux revendications du syndicat agricole majoritaire, en particulier sur les normes et les pesticides. Une nouvelle cogestion se met en place, écartant les ministères de la transition écologique et de l’agriculture.
Plus de deux semaines de mobilisation des agriculteurs : qu’ont-ils vraiment gagné ? N’est-ce pas l’écologie qui a perdu ? À quelles conditions une autre agriculture, plus juste, régulée, moins productiviste, serait-elle possible ? Débat sur le plateau d’« À l’air libre ».