Dossier « Water Stories » : enquêtes sur l’industrie de l’eau en bouteilles
La bataille de l’eau sévit en France. Alors que ce bien âprement disputé se partage entre l’agriculture, l’industrie et les usagers, les pratiques troubles de l’industrie de l’eau en bouteille nuisent gravement à l’environnement.
Évoquant une pluviométrie en berne, la préfecture du Puy-de-Dôme a instauré pour deux mois des limitations à l’usage de l’eau potable par les habitants dans une trentaine de communes proches des puits du géant de l’eau en bouteille, pas vraiment concerné par ces mesures. La société civile dénonce la captation d’une ressource autrefois abondante par l’industriel au détriment des citoyens.
La multinationale suisse, mise en cause dans nos nombreuses enquêtes, retire ses marques Vittel et Contrex des marchés allemand et autrichien. La décision met en danger 150 emplois dans les Vosges.
Après avoir tenté de les dissimuler pendant plusieurs années, Nestlé s’est décidé à nettoyer ses décharges illégales dans les Vosges. Les premières évaluations par les services préfectoraux donnent une idée de l’étendue des dégâts.
Pour la première fois, le système d’influence mis en place par Nestlé dans les Vosges était jugé devant un tribunal. L’ancienne conseillère départementale Claudie Pruvost a été condamnée à trois mois de prison avec sursis pour prise illégale d’intérêts.
Alors que Nestlé est lourdement mis en cause dans nos enquêtes pour sa gestion de la nappe phréatique dans les Vosges, le géant de la distribution Lidl annonce qu’il va cesser de vendre les bouteilles de Vittel dans ses magasins allemands.
Face à l’augmentation des périodes de sécheresse, les industriels de l’eau ont longtemps été exempts des restrictions d’eau décidées par des pouvoirs publics peu regardants. Mais Danone fait face à une fronde citoyenne sans précédent à ce sujet, tandis que Nestlé s’est vu imposer pour la première fois des limitations dans le Gard.
En Guadeloupe, 80 % du dispositif d’épuration ne fonctionne pas. Une catastrophe sanitaire et environnementale, qui risque de mettre en péril toutes les eaux de baignade sur cet archipel français, d’ici dix ans.
Exploitant du réseau d’eau potable pendant cinquante ans sur l'île, la Générale des eaux Guadeloupe, filiale de Veolia, a quitté précipitamment l’archipel à partir de l’année 2015, laissant un réseau et une facturation défaillants, dont les conséquences se payent encore aujourd’hui.
En Guadeloupe, des milliers d’habitants vivent au rythme des « tours d’eau », des coupures programmées, ou n’ont tout simplement pas d’eau au robinet depuis plusieurs années. Les habitants subissent des coupures prolongées, même en pleine pandémie de Covid-19. Face à la catastrophe sanitaire, les pouvoirs publics sont accusés d’incurie. Premier volet de notre série.
Sur le papier, Nestlé, Danone et Coca multiplient les actions pour estomper leur image de prédateurs de ressources en eau. En réalité, ces trois immenses producteurs mondiaux d’eau en bouteille placent leurs partenaires en situation de conflit d’intérêts, font taire des élus locaux et exagèrent leur impact.
Alors que les sécheresses s’intensifient d’année en année, les conflits entre agriculteurs, consommateurs d’eau potable et industriels virent au bras de fer. Dans ce contexte, les pratiques douteuses et méconnues des géants de l’eau en bouteille méritent des investigations d’ampleur.
Depuis près de vingt ans, pêcheurs, riverains et inspecteurs de l’environnement alertent sur une pollution organique issue d’un site industriel du groupe Roxane. L’usine, située dans l’Orne, est aussi le siège social du numéro trois français de l’embouteillage.
À Volvic, Danone assure « ne pas prendre à la nature plus que ce qu’elle est capable de nous donner ». En réalité, la multinationale augmente ses prélèvements pendant les mois les plus chauds, portant atteinte aux riverains et aux eaux de surface. En toute connaissance de cause et sous le regard bienveillant des autorités.
Selon nos informations, plusieurs associations portent plainte contre Nestlé pour prélèvements d’eau sans autorisation et dénoncent l’attitude complaisante des pouvoirs publics.
À Vittel, Nestlé est rattrapé par sa gourmandise. La mobilisation des ONG et de la société civile, combinée aux poursuites judiciaires contre des figures de son système d’influence, fait vaciller le géant suisse. Dans une volte-face sans précédent, l’État enterre le projet poussé par Nestlé de pipeline d’eau potable, reprend en main la politique locale de l’eau et n’exclut pas de retirer des forages au minéralier.
C’est un procès qui va faire grand bruit. Le parquet de Nancy s’apprête à annoncer la date d’un procès pour prise illégale d’intérêts en faveur de Nestlé à Vittel. Ce sera aussi le procès d’un système d’influence mis en place clandestinement par la multinationale suisse dans cette région, et dont Mediapart révèle de nouveaux aspects.