Dossier « Water Stories » : plongée dans l’industrie de l’eau en bouteille
La bataille de l’eau sévit en France. Alors que ce bien âprement disputé se partage entre l’agriculture, l’industrie et les usagers, les pratiques troubles de l’industrie de l’eau en bouteille nuisent gravement à l’environnement.
Le 19 mai, le sénat a rendu public le rapport de sa commission d’enquête sur le scandale des eaux en bouteille. Outre les pratiques frauduleuses de Nestlé, les sénateurs pointent la responsabilité « du sommet de l’État » et de ses représentants, intervenus pour couvrir la multinationale.
Le 7 mai, le préfet du Gard a interdit à Nestlé de poursuivre la production des eaux Perrier avec des traitements de désinfection non réglementaires. Un délai de deux mois lui est octroyé. Au-delà, la poursuite de l’activité semble compromise compte tenu des contaminations fréquentes des eaux.
Au cours de son audition par les sénateurs, le 9 avril, le PDG de Nestlé Laurent Freixe a évoqué un avis défavorable rendu par les hydrogéologues sur la poursuite de l’exploitation des eaux minérales Perrier. L’exercice de transparence s’est limité à cette information.
Mediapart publie une note du groupe Nestlé de 2022 qui reconnaît la « non-conformité » de ses eaux ainsi que le recours à des traitements illégaux. Le tout avec l’appui de l’Élysée. Le groupe a pourtant affirmé le contraire devant la commission d’enquête sénatoriale.
Le rapport final de l’agence régionale de santé, que Mediapart s’est procuré, révèle que Nestlé ne respecte toujours pas la législation pour sa célèbre eau minérale et questionne sa « loyauté » vis-vis de l’État et des consommateurs. Le préfet du Gard et l’agence sanitaire donnent deux mois à la firme pour se conformer à la réglementation.
Mediapart s’est procuré des fichiers internes de la multinationale, qui dévoilent des actions cachées auprès des politiques comme de l’administration. Selon nos informations, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique s’intéresse à un rendez-vous décisif et dissimulé à Bercy.
Des documents que s’est procurés Mediapart révèlent comment plusieurs gouvernements ont manœuvré pour satisfaire Nestlé et préserver une appellation d’eau minérale qui n’a plus de naturelle que le nom.
Un rapport interne pointe une contamination non maîtrisée pour ses eaux minérales. Le leader mondial de l’agroalimentaire assure qu’il s’agit de projections hypothétiques, mais ses déclarations sont contredites par les écrits de ses ingénieurs.
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Le tribunal d’Épinal a validé, le 10 septembre, la procédure de justice négociée entre Nestlé et le parquet dans l’affaire des forages illégaux et des traitements interdits des eaux minérales. La multinationale devra payer une amende très faible.
Au terme des enquêtes visant Nestlé pour des forages illégaux et le traitement frauduleux des eaux minérales, le procureur d’Épinal a, selon une information de Mediapart, opté pour une procédure de justice négociée. La multinationale échappera ainsi à un procès si le juge valide mardi l’accord.
La Commission européenne a rendu public, le 24 juillet, un rapport d’audit sur le traitement frauduleux des eaux minérales naturelles en France. Elle pointe de « graves lacunes » du système de contrôle français, « l’absence de mesures immédiates » et le manque de transparence des autorités.
Mediapart a pu lire les conclusions du rapport d’enquête de l’Office français de la biodiversité, rendu au procureur de la République d’Épinal dans le cadre de l’enquête préliminaire visant le groupe pour l’exploitation de forages sans autorisation. Nos révélations.
Dans le cadre de l’enquête judiciaire visant Nestlé sur les traitements interdits des eaux minérales naturelles, de nouvelles investigations révèlent que la multinationale trompe les consommateurs depuis plus de quinze ans.
De grandes marques d’eaux en bouteille, appartenant notamment à Nestlé, ont appliqué pendant des années des techniques illégales de purification, avec l’aval de Bercy, d’après « Le Monde » et Radio France. « Il faut que ces multinationales soient punies », déclare à Mediapart le lanceur d’alerte à l’origine des révélations.
Évoquant une pluviométrie en berne, la préfecture du Puy-de-Dôme a instauré pour deux mois des limitations à l’usage de l’eau potable par les habitants dans une trentaine de communes proches des puits du géant de l’eau en bouteille, pas vraiment concerné par ces mesures. La société civile dénonce la captation d’une ressource autrefois abondante par l’industriel au détriment des citoyens.
La multinationale suisse, mise en cause dans nos nombreuses enquêtes, retire ses marques Vittel et Contrex des marchés allemand et autrichien. La décision met en danger 150 emplois dans les Vosges.