FranceReportage

Dans l'arène judiciaire de la Seine-Saint-Denis

Une semaine de «comparutions immédiates» au tribunal de Bobigny offre plus qu'une galerie de portraits de délinquants – cambrioleurs d'habitude ou maris violents, toxicomanes paumés ou amateurs d'outrages aux policiers. Elle saisit le cœur battant d'une Seine-Saint-Denis où la misère sociale se retrouve dans le box des prévenus comme sur les bancs des victimes. Elle montre une justice sous tension, rendue à la va-vite par des magistrats et des avocats qui ont à peine le temps d'examiner les dossiers. Premier volet de notre reportage en cinq épisodes.

EINCIYAN

Lundi 9 mars, 13h00. A cette heure, la présidente du tribunal est très remontée contre les policiers. «On peut pas les joindre. Leur téléphone sonne occupé. Je suis folle de rage.» 13h48. Bruits de serrures. Deux jeunes Noirs aux crânes rasés entrent dans le box, menottés dans le dos. Des policiers viennent de les escorter, des cellules souterraines du «dépôt» vers la salle de justice. «L'audience commence avec trois quarts d'heure de retard. A cause des problèmes d'escorte», s'emporte Bénédicte Berry, qui préside aujourd'hui la 17e chambre du tribunal de Bobigny, spécialisée dans les comparutions immédiates. «Je suis tellement énervée. Ce n'est pas bon, pour rendre une justice sereine. Il faut essayer de se calmer», ajoute-t-elle. L'ambiance est donnée. Urgence et stress mêlés.

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