Qu'est-ce que cela coûte d'insulter un président de la République? 35 heures de travaux d'intérêt général, a jugé ce vendredi le tribunal correctionnel de Bobigny. Mais cela coûte aussi physiquement. Mohammed, 21 ans, s'est présenté à l'audience de comparution immédiate le visage tuméfié. L'intervention de trois policiers après ses insultes au président lui a valu 9 jours d'ITT (Incapacité temporaire de travail). Et ce sont ces coups qui ont été au centre de l'audience.
D'autres coups en revanche n'ont pas été évoqués dans la salle: ceux portés à un caméraman de France 3. «Les policiers ont même essayé de lui prendre sa caméra parce qu'il avait filmé l'interpellation», racontaient deux habitants de Saint-Denis ayant assisté à la scène, devant la salle d'audience.
Devant mais pas à l'intérieur. Car face au tribunal, seuls Mohammed et trois policiers (sur les quatre à être intervenus) ont raconté comment s'étaient déroulés les événements mercredi soir devant la gare de Saint-Denis. Avec, comme on pouvait s'y attendre, des récits forts différents. Tout du moins sur l'interpellation.
Car, avant d'en arriver là, il y a eu insulte au Président. Et ça, Mohammed, un gros costaud au crâne rasé, l'assume pleinement. Mercredi soir, il a entendu que le Président était à Saint-Denis pour une visite surprise (sans journaliste hormis France 3 donc, qui réalisait par hasard un reportage sur le deal de crack dans le quartier). Il est allé à sa rencontre pour lui dire sa façon de penser: «Va te faire enculer, connard. Ici, c'est chez moi.» Mohammed n'a aucune envie de s'excuser. «Je voulais dire que j'étais pas d'accord avec lui. Je l'ai exprimé dans mon langage. Le président de la République, quand il a un truc à dire, il le dit: “Sale con” ou des trucs comme ça.»
La présidente du tribunal lui rappelle que c'est lui et non le président qui est jugé, mais Mohammed n'en démord pas: «C'est vrai, c'est des propos que je n'aurais pas dû tenir, mais en tant que Président, c'est à lui de montrer l'exemple.»
Le président de la République n'a pas porté plainte pour ces faits, il n'est pas représenté à l'audience: c'est le ministère public qui a décidé de poursuivre.
Mohammed non plus n'a pas porté plainte. Et pourtant, il dit qu'il a vu «la mort défiler». Ce jeune homme au casier judiciaire vierge (contrairement aux informations qu'avaient fait courir les autorités jeudi) a du mal à se contrôler devant le tribunal. Très démonstratif, il multiplie les mimiques, s'attrape la tête avec ses deux mains, interrompt la présidente, et crée un quasi-incident en éructant avec une puissance inouïe quelques secondes après qu'un policier a commencé à raconter sa version des faits. «Il ment! C'est un mytho. J'arrête. J'arrête.» Il se retourne alors comme s'il allait partir: son avocate tente de le calmer.
Insulter le président conduit à l'hôpital et aux travaux d'intérêt général
Mohammed, 21 ans, a été condamné pour avoir insulté le président de la République. A la suite de son interpellation à la gare de Saint-Denis, il a écopé d'une Incapacité temporaire totale (ITT) de travail de neuf jours.
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