France

Les dessous de cartocrime.net

Depuis mercredi 29 avril, tout internaute peut générer des cartes dressant le nombre de crimes et délits en France, région par région, département par département. Le site de l'Observatoire national de la délinquance croule déjà sous les requêtes. Et les critiques. Alain Bauer, l'un de ses instigateurs, se défend: «Nous ne sommes pas la Kommandatur!» Et les agents immobiliers se frottent les mains. Dans les commentaires de l'article, Alain Bauer répond à David Dufresne, l'auteur du papier.

David Dufresne

Depuis mercredi 29 avril, la statistique de la délinquance à la française s’est dotée d’une application grand public. C’est la grande mode du moment sur le Web. On pourrait appeler ça la googlemapisation des esprits. Où comment tout cartographier, tout rendre accessible à coups de cartes, à coups de plans, de web-atlas et de géographie-minute. Depuis mercredi, donc, cartocrime.net est en ligne. Et depuis mercredi, tout internaute peut générer à la volée un nombre infini d’hexagones plus ou moins colorisés, plus ou moins criminalisés. Atteintes aux biens, atteintes aux personnes, escroqueries, meurtres, vols, région par région, département par département, année par année (de 1996 à 2009), mois par mois: tout est possible, tout fait cartes. Bienvenue dans «c’est arrivé près de chez vous» version crimes et délit.
Et pour être bien clair, l’observatoire national de la délinquance (OND), instigateur du site, a sciemment choisi un nom qui claque: Cartocrime.net Car comme le dit son principal artisan, Jean-Luc Besson, Cartocrime.net est avant tout l’«aboutissement d’une stratégie de communication». Mieux que ça, lors de la présentation officielle du machin, hier à l'Institut national des hautes études de sécurité (Inhes), think tank du ministère de l’intérieur, Jean-Luc Besson a reconnu la mission de cartocrime.net: « Démystifier la statistique de la délinquance» et «faire face aux nombreuses critiques et controverses» qu’elle suscite. Bref: fabriquer de l’image, fabriquer du moderne, et s’assurer de la continuité d’un discours que tant de chercheurs, pourtant, remettent en cause.

Réservé aux abonné·es

Se connecter

La lecture des articles est réservée aux abonné·es

Se connecter