Dossier 10 septembre : un mouvement social n’est jamais écrit d’avance
La date du 10 septembre a été pensée hors de tout cadre traditionnel par les initiateurs du mouvement « Bloquons tout». Alors que la gauche avait regardé avec dédain le mouvement des Gilets jaunes de 2019, l’implication prématurée de sympathisants de gauche ne favorise pas forcément la dynamique des « bloqueurs » de 2025.
Dans la capitale alsacienne, plusieurs élèves ont été placés en garde à vue et détenus vingt-quatre heures durant après le blocage de leurs établissements dans le cadre du mouvement « Bloquons tout ». Malgré l’absence de violences ou de dégradations.
Au moins deux incidents graves se sont produits mercredi 10 septembre sans être mentionnés par le préfet de l’Hérault dans son bilan. Un jeune manifestant atteint par le jet d’un canon à eau souffre d’un traumatisme crânien, tandis qu’un journaliste a été violenté et empêché de travailler.
Si la France n’a pas été à l’arrêt ce 10 septembre, les actions, blocages et rassemblements ont été bien visibles dans le pays, tout comme la répression du mouvement par les forces de l’ordre. Au lendemain de la nomination d’un nouveau premier ministre, la colère s’est cristallisée sur le chef de l’État, Emmanuel Macron, et sa politique.
Les cortèges, actions et revendications ont résonné dans toute la France mercredi 10 septembre. Les photographes de Mediapart étaient présents à Rennes, Strasbourg, Montpellier et Paris. Récit de cette journée en images.
En redressement judiciaire pour la quatrième fois en onze ans, l’aciérie, qui emploie 450 personnes à Hagondange, est menacée de liquidation dès le 25 septembre. Sur place pour le 10 septembre, la dirigeante de la CGT a appelé le nouveau premier ministre à faire du dossier sa « priorité ».
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Marseille mercredi 10 septembre au matin pour exprimer un ras-le-bol général. Les opérations de blocage annoncées plus tôt dans la matinée ont en revanche été peu nombreuses et de courte durée. Un nouveau rassemblement est prévu dans la soirée.
Insensible à la colère sociale tout autant qu’aux résultats des élections législatives anticipées, Emmanuel Macron précipite une crise de régime, adossée à une crise économique, qui ouvre la voie, si rien n’est fait pour l’en empêcher, à l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir.
Les blocages prévus mercredi se heurtent à une forte présence des forces de l’ordre. Suivez le fil de la journée avec nos envoyés spéciaux en région parisienne, à Lyon, Montpellier, Clermont-Ferrand, La Rochelle, Toulouse, Rennes ou Strasbourg.
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Au menu de l’émission de rentrée d’« À l’air libre » : la démission de Bayrou, la crise politique qui n’en finit pas, Macron enferré dans ses certitudes et la mobilisation de ce mercredi 10 septembre.
La quasi-totalité des villes ou zones rurales potentiellement concernées par la mobilisation du mercredi 10 septembre ont fait l’objet d’autorisations de surveillance par drones, publiées parfois à la dernière minute par les préfets. Seules quelques-unes ont été annulées.
Des « pots de départ » de François Bayrou étaient organisés dans de nombreuses villes, lundi 8 septembre, à l’issue du vote de confiance qui a fait tomber le premier ministre. Ces rassemblements ont réuni des dizaines, voire des centaines de personnes, comme à Montreuil et à Montpellier, en prélude à la mobilisation du 10 septembre.
En écho au mouvement « Bloquons tout » du 10 septembre, Mediapart et Tënk vous proposent une stimulante réflexion chorégraphique de Paul Heintz. À partir d’archives sur les stratégies de luttes menées sur le principe de « l’obstruction », un groupe de travailleurs réactive des mouvements discrets de résistances passées.
Face à ce qu’elles estiment être une récupération par la gauche du mouvement « Bloquons tout », les sphères d’extrême droite tentent de reprendre la main sur une mobilisation venue de l’écosystème souverainiste.
Les quartiers populaires restent l’angle mort de la mobilisation du 10 septembre. Une convergence des luttes souvent empêchée par la peur de la répression, des conditions matérielles suffocantes et une gauche peu soucieuse de « co-construire » avec ces habitants.
Dans l’agglomération rouennaise, les préparatifs de la journée « Bloquons tout » du 10 septembre s’organisent. Ceux qui se sont mobilisés avec les « gilets jaunes » veulent éviter les erreurs du mouvement, d’autres ne masquent pas leur lassitude.
Le professeur de science politique Laurent Jeanpierre analyse la mobilisation du 10 septembre. Malgré des analogies possibles avec les « gilets jaunes », il estime que sa composition politique hybride, du fait de l’implication prématurée de sympathisants de gauche, ne joue pas à son avantage.