L'idée de cette série était d'entrer dans le quotidien des colons, leurs habitations, leur mode de vie, leurs habitudes. Je la souhaitais aussi «immersive» que possible. Dans le même temps, il ne s'agissait pas de rencontrer des «illuminés», comme les Israéliens eux-mêmes nomment ces quelques milliers de colons fanatisés qui habitent dans les avant-postes sans eau ni électricité. La Cisjordanie, c'est aujourd'hui au moins 350.000 colons juifs, qui vivent, travaillent, ont des enfants, lisent le New York Times et parfois même Haaretz, et produisent un discours qui leur vaut l'adhésion d'une société israélienne pourtant très divisée. C'est cette rhétorique, ces logiques exprimées différemment selon les colonies mais unies par la conviction profonde d'être dans le vrai, ce sont ces discours que je voulais capter.
Sur vingt-quatre familles contactées, seules deux ont accepté de me recevoir. La crainte du résultat final, l'étiquette «journaliste français= pro-arabe», le désintérêt, le manque de temps, la teneur trop «partisane» de certains articles de Mediapart et, par deux fois, le rejet de l'étranger non-juif m'ont été renvoyés comme motifs de refus. Dans ce contexte difficile, je remercie une nouvelle fois les Ben David de m'avoir accueilli le temps d'un dimanche de Souccot, et d'avoir ainsi rendu ce reportage possible.