Jakarta (Indonésie), envoyé spécial.– Cette journée, Endang a longtemps essayé de l’oublier. « C’était la première semaine d’octobre. Le matin, je suis allée à l’école, comme tous les jours. Mais le professeur a dit : “Aujourd’hui, il n’y aura pas classe”… », murmure cette femme, vieillie trop vite, un visage voilé de rose rongé par la tristesse. Comment effacer de sa mémoire ces corps suppliciés, recouverts de sang, allongés le long de la route ? Ces têtes tranchées, empalées sur des bambous, à l’entrée du village ? Et surtout cette foule cruelle, ivre de rage, hurlant « À mort ! » et le nom de son père ?
En Indonésie, la mémoire du massacre des communistes est déjà la grande perdante des élections
L’Indonésie, qui organise ce mercredi ses élections générales, ignore toujours le souvenir du massacre de 1965-1966, qui a vu l’extermination et la mise au ban de 500 000 à un million de communistes. Malgré de récentes initiatives, l’ombre de la dictature de « l’Ordre nouveau » plane toujours sur le pouvoir, quel que soit le vainqueur.
Bruno Meyerfeld
16 avril 2019 à 19h05