Les Irlandais s'apprêtent à voter, jeudi 31 mai, à l'ombre de la crise grecque. Ils sont les seuls, au sein de l'Union, à avoir l'occasion de se prononcer, par référendum, sur le « pacte budgétaire », ce nouveau traité européen défendu bec et ongles par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy du temps de leur splendeur. En Grèce, au Portugal et en Slovénie, les députés ont déjà ratifié ce texte, qui muscle encore la discipline budgétaire, et que François Hollande a promis de « renégocier ».
Officiellement, l'issue du vote irlandais n'aura aucune conséquence sur l'avenir du « pacte ». Lors de l'écriture du texte, les délégations européennes, prudentes, ont pris soin de préciser qu'il suffisait que douze pays (sur les dix-sept de la zone euro) l'adoptent, pour une entrée en vigueur dès 2013. Rien à voir avec de précédentes consultations sur l'île, dont le résultat avait paralysé l'Europe – les Irlandais avaient rejeté le traité de Nice en 2001 (avant de le ratifier l'année suivante), puis voté contre celui de Lisbonne en 2008 (avant, là encore, de changer d'avis en 2009).
Mais ce référendum enverra un signal politique fort au reste de l'Europe, à un moment critique pour l'avenir de la zone euro. Une victoire du « non » renforcerait le camp des adversaires de l'austérité, déjà requinqués par la victoire de François Hollande en France, et plus encore par la percée du parti de gauche Syriza en Grèce, le 6 mai. « Des millions d'Européens qui se battent contre l'austérité se réjouiront d'un "Non" irlandais », a pronostiqué Despina Charalampidou, une députée grecque de Syriza, qui s'est rendue à Dublin pour une conférence de presse jeudi.
« Une victoire du "non" en Irlande, et l'avancée de Syriza en Grèce, c'est le même combat », veut croire Paul Murphy, un eurodéputé irlandais du parti socialiste, une formation d'extrême gauche, joint par Mediapart. « Dans les deux cas, c'est un grand pas vers une autre Europe, pour en finir avec l'austérité, pour un changement radical. » Ce scénario faciliterait sans doute aussi la démarche du président français, dans son face-à-face avec la chancelière Angela Merkel, pour renégocier le traité.
International Note de veille
En Irlande, les partisans du «non» veulent croire à un effet Syriza
L'île organise un référendum, jeudi, sur le «pacte budgétaire» cher à Angela Merkel. Alors que la majorité des partis appelle à ratifier le texte, l'accélération de la crise grecque pourrait changer la donne.
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