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1937, le génocide occulté des Haïtiens

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Entre le 2 et 4 octobre 1937, les villes du nord-ouest de la République dominicaine connurent le « massacre du Persil »*. Sur ordre de la dictature de Trujillo, les immigrés et ressortissants haïtiens sont traqués puis tués à l’arme blanche par les soldats dominicains. Selon certains historiens, plus de 20 000 Haïtiens ont péri. Quelques mois après l’ignominie, les présidents Sténio Vincent (Haïti) et Rafael Trujillo (République dominicaine) trouvent un arrangement et évitent à la République dominicaine des sanctions diplomatiques et régionales. Plus de huit décennies plus tard, ce génocide, connu sous le nom de « massacre du Persil », n’est toujours pas reconnu par l’État dominicain, alors que meurent les derniers survivants. Portraits de ces rescapés, de lieux de mémoire et de l’héritage d’un pogrom passé sous silence.

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    © Pierre Michel Jean (K2D)

    Haïti, Dosmond (Ouanaminthe), 2016. Marie Pierre (photo en haut à gauche) est née en 1918 dans le nord-est de la République dominicaine, avant que ne soit établi le tracé définitif de la frontière haïtiano-dominicaine en 1935. Avant le massacre de 1937, son père était agriculteur et propriétaire de « conucos » (propriété vivrière). Marie et le reste de sa famille ont échappé de peu aux tueries. L’histoire qu’elle a racontée à ses enfants parle d’une période de concorde et de solidarité entre voisins, avant le massacre. L’après marque le début d’une profonde rupture entre les deux peuples. Les trois fils de Marie Pierre (photo ci-contre), le jour de l’enterrement de leur mère. Morte en février 2017 à 99 ans, Marie Pierre était sans doute la survivante de cette tragédie la plus âgée au moment du massacre. Les descendants des rescapés sont souvent très marqués par l’histoire de leurs parents. Ils expriment pour la plupart une grande aversion pour le peuple dominicain.

    Haïti, Mont-Organisé (Ouanaminthe), 2016. Mériline Pierre (photo en haut à droite) ne se rappelle pas son âge au moment de la tragédie. Elle se souvient juste que sa famille a pu être sauvée grâce à un ami dominicain nommé Loye, qui les a avertis du massacre et leur a conseillé de fuir pour Haïti. De nombreux rescapés du massacre racontent ainsi que plusieurs Dominicains ont caché des immigrés haïtiens pour les sauver des soldats et sbires de la dictature qui en voulaient à leur vie parce qu’ils étaient haïtiens.

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