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24 octobre 2020. Tablas del Pozo, Ecatepec, État de Mexico. La chambre de Gonzalo Garduño Nuñez est restée intacte depuis son enlèvement et sa disparition en décembre 2017, alors qu’il avait 26 ans. Le couvre-lit aux couleurs du Cruz Azul, un club de foot de la capitale mexicaine, les affiches de l’équipe sur le mur et l’icône pieuse en tête de lit sont toujours là. Avoir pu donner une chambre à chacun de leurs trois enfants fait la fierté des parents de Gonzalo, Jacopo et Trinidad. Lorsque le couple a entamé la construction de leur maison d’Ecatepec, dans les années 1990, les alentours n’étaient encore que des collines pelées ouvertes à tous les vents.
Depuis, près de deux millions de travailleurs précaires ou occupant des petits boulots mal rémunérés sont venus peupler cette immense municipalité-dortoir collée à la capitale, qui s’est développée dans l’anarchie. Oubliée des pouvoirs publics, cette banlieue aux routes défoncées et à l’éclairage public absent souffre de taux de criminalité vertigineux. Dans la chambre de Gonzalo, ses parents ont dressé un modeste autel pour la célébration du Jour des morts.
Fêter ses morts au Mexique, pays meurtri par la violence
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Chaque année, le Dia de los Muertos, le Jour des morts mexicain, gagne en popularité dans le monde. Classée au patrimoine immatériel de l’Unesco, cette fête célèbre les défunts au travers de rituels chaleureux et colorés. Mais depuis quinze ans, le Mexique est en proie à une violence qui ne cesse d’augmenter. En 2019, plus de 35 000 personnes ont été assassinées dans le pays, et 73 000 sont toujours portées disparues. Sur les autels dédiés aux ancêtres, les photos des victimes se multiplient. La tradition est devenue un exercice de résilience dans un pays où l’impunité ne cesse de grandir.
Mahé Elipe (photos) et Alix Hardy (texte)
4 novembre 2020 à 12h38