La France compte environ 3 000 bergers d’alpage salariés. Un métier qui peut faire rêver : la beauté des paysages et la montagne pour soi, quand on passe des semaines, voire des mois en altitude avec les troupeaux. Mais le soir venu, c’est souvent une cabane précaire qui les attend, sans eau ni électricité, parfois même sans fenêtres ni chauffage. Mediapart est allé à leur rencontre.
Cabane des Cornaches, Cevins, massif du Beaufortain, Savoie, juin 2023. Depuis la loi «Pastoralisme» de 1972, les éleveurs et éleveuses sont organisé·es en groupements pastoraux qui embauchent bergers et bergères. Les cabanes et les alpages sont en général la propriété des communes, qui les louent aux éleveurs. Celle des Cornaches, dans le massif du Beaufortain, appartient à la mairie de Cevins. Mathieu Erny, berger depuis 1998, y a habité pendant plusieurs estives (pâturages d’été en montagne), de 2017 à 2020. Il n’hésite pas à qualifier la cabane d’«insalubre». «La pire» de sa carrière, juste après sa toute première cabane, au Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence. «C’était mon baptême,rigole-t-il. Une cabane de 6 m² en pierre sèche où l’on ne tenait debout qu’au milieu. Le toit n’était pas très étanche, il y avait de la neige partout.»