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«A notre âge, on n’y pense pas à la retraite»

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Quand on n’a pas vingt ans, la retraite peut relever d’un concept très abstrait. Nombre de lycéens, pourtant, se sont mobilisés jeudi. À Paris, Mediapart a suivi une bande de copains de lycée, partis du bar « Le Renouveau », remontés contre la précarisation de la société. Reportage photo.

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    © Rachida El Azzouzi

    Zoé devrait changer de sac à dos tant il est usé mais elle n’y arrive pas. C’est un compagnon de route et de manifs sur lequel l’accompagnent sa mère, Mams, d’un « ptit bisou » et cette maxime : « La hiérarchie, c’est comme les étagères, plus c’est haut, moins ça sert. »

    Ce vendredi 5 décembre en fin de matinée, elle a des cernes énormes mais une énergie intacte malgré la nuit très courte pour bloquer des lycées parisiens à l’aube à l’aide de poubelles et de barrières de chantier avec sa copine Emma. Il est midi et elles ont marché plus d’une douzaine de kilomètres à pied dans le froid glacial lorsqu’elles retrouvent près de la gare de l’Est à Paris dans un café bien nommé, « Le Renouveau », leur bande de copains de lycée et de lutte. 

    La veille, où une dizaine de lycées ont fait l’objet d’un blocage ou d’une tentative de blocage, elles ont marché avec plus d’une centaine de lycéens spontanément dans les rues de Paris. Une de leurs copines a fini à l’hôpital, blessée par un véhicule de police qui lui a roulé sur le pied. 

    La manifestation contre la réforme des retraites démarre dans deux heures. Le café est bondé de manifestants en attente, des gilets jaunes, des pompiers, des infirmiers, des profs, etc. Elles commandent « le café le moins cher » et racontent, enthousiastes, les blocages du jour – Montaigne, Lavoisier, Sophie-Germain –, les « fafs » rencontrés sur le chemin (les fachos) qu’elles reconnaissent « au blouson de cuir, gants coqués, casques de moto et regard de haine ».

    Elles regrettent de ne pas avoir été plus nombreuses à bloquer les établissements, entre une dizaine et une trentaine selon les lieux, et pour l’immense majorité, tous issus de rangs lycéens et étudiants conscientisés, militants. 

    « Bah ! il n’y a plus de mouvement lycéen, tranche Solal, le seul majeur du groupe. Il est mort l’an dernier avec Greta Thunberg qui a fait disparaître la question sociale au profit de la question climatique. Regarde ce qui s’est produit en Tunisie après l’immolation d’un chômeur, une révolution, la chute d’un pouvoir et nous, que s’est-il passé après l’immolation d’un étudiant à Lyon ? Rien, à part quelques manifs ici ou là avec peu de mobilisation. »

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