Nadia, née à Mayotte, mère de six enfants français, s’est fait expulser vers les Comores. Dans l’archipel, la France continue d’expulser massivement et sans distinction au moyen de procédures expéditives et souvent irrégulières. Ignorant les alertes répétées jusqu’au Conseil de l’Europe.
Alors que l’épidémie de choléra flambe dans les Comores voisines, Mayotte connaît ses premiers « cas autochtones » de la maladie. L’extrême précarité, le manque d’accès aux soins comme de personnel médical font craindre une flambée épidémique. Le tout dans le contexte sécuritaire de l’opération gouvernementale « Mayotte place nette » lancée mi-avril.
En visite pendant deux jours à Mayotte, la cheffe de file du RN s’est surpassée sur ses thèmes de prédilection, l’immigration et l’insécurité, dans l’espoir de se démarquer du pouvoir macroniste, qui a récupéré une bonne partie de son programme dans ce département de l’océan Indien.
Après l’opération Wuambushu lancée il y a un an, « Place nette » prend le relais. Malgré des éléments de langage travaillés, les objectifs comme le mode opératoire restent les mêmes : détruire des bidonvilles, expulser massivement et mener des interventions « coup de poing ».
Alors que les moins de 20 ans représentent 55 % de la population de l’île, aucun plan pour la jeunesse ne se profile, laissant chaque jour la violence et l’errance gagner du terrain. Dernier rempart à un abandon généralisé, l’école tente de faire face mais se retrouve elle-même bien isolée.
Depuis le 22 janvier, Mayotte est paralysée par des barrages routiers érigés aux quatre coins de l’île par des militants antimigrants. Le mouvement se durcit. Au-delà, transpire un sentiment d’abandon de l’État, pris à son jeu de la surenchère xénophobe.
Le 22 mai, Madi, ouvrier de 47 ans contraint de participer à la démolition de son propre quartier, s’est effondré. Son décès raconte, à lui seul, combien l’opération lancée à Mayotte par le ministre de l’intérieur est une machine à broyer des vies.