Dans la Méditerranée, en Libye ou en Bulgarie, le piège d’une Europe forteresse s’est refermé sur des centaines de jeunes Syriens. Libérées du joug de Bachar al-Assad depuis un an, leurs familles tentent de retrouver leurs proches disparus, en s’en remettant largement au système D.
Si la question des disparus du régime est un enjeu majeur de justice transitionnelle pour la Syrie, qu’en est-il de ceux qui ont disparu aux frontières de l’Europe ? La diaspora veut se faire entendre des nouvelles autorités syriennes et pousser les États européens à agir.
La manifestation est organisée lundi par le lobby Elnet. Selon les informations de Mediapart, le ministère des affaires étrangères israélien s’est engagé à financer cet évènement à hauteur de 72 000 euros. Et ce, alors que l’association assurait jusqu’alors être totalement indépendante du gouvernement Nétanyahou.
En octobre 2024 avait lieu l’un des pires naufrages impliquant des exilés dans la Manche. Malgré la création d’une cellule d’identification, neuf corps retrouvés sur le littoral n’ont toujours pas été formellement identifiés. En Syrie, Mediapart a rencontré l’une des familles sans nouvelles de leur proche.
C’est un décompte inédit révélé par Mediapart : entre 2020 et 2024, au moins 46 exilés qui voulaient rejoindre le Royaume-Uni ont disparu le long du littoral nord de la France ou en Manche sans que l’on retrouve leur corps. Une disparition par mois, dans le silence assourdissant des autorités.
Tous espéraient pouvoir poser leurs valises en Europe et construire un semblant de vie normale. Ils venaient d’Érythrée, d’Afghanistan ou du Soudan, et ont disparu en tentant de traverser la Manche. Contre l’oubli, Mediapart publie leurs noms et retrace l’histoire de six d’entre eux.
Procédures interminables, manque de coordination entre les services de police, absence de partage d’informations avec les proches : l’identification des corps d’exilés anonymes retrouvés sur les côtes de la Manche reste très laborieuse. Et repose essentiellement sur le travail des associations.
Le 23 octobre, un zodiac avec à son bord plusieurs dizaines d’exilés sombrait dans la Manche. Le bilan officiel fait état de trois morts. Mais deux semaines plus tard, treize personnes restent introuvables et plusieurs corps ont été repêchés à proximité.
C’est un embarquement qui a tourné au drame, début mars dans le Nord, sous les yeux de policiers voulant empêcher un groupe d’exilés de prendre le départ. Le Syrien reste introuvable, mais les autorités ont conclu à l’absence de disparition. Ses proches veulent savoir.
Le ministère des armées a signé un marché avec l’entreprise SeaOwl, qui fournit, depuis le printemps, deux bateaux pour des missions de sauvetage au large de Dunkerque et de Calais. Une première. D’après nos informations, des questions émergent autour de la formation des équipages et des performances des navires.