Comment bien parler de l’intelligence artificielle (IA) dans une époque qui en parle sans cesse ? Nous vivons, depuis maintenant bien des années, au rythme des avancées technologiques en matière d’IA. Celle-ci peuple notre quotidien d’images générées ou de systèmes d’analyse d’images toujours plus perfectionnés et souvent toujours plus inquiétants…
Mais, bien avant les années 2020, le cinéma nous a habitué·es à tout un panthéon de figures d’intelligence artificielle avant l’heure : de l’ordinateur HAL du film de Stanley Kubrick 2001, l’Odyssée de l’espace aux machines de Matrix, en passant par les robots humanoïdes de Terminator ou de RoboCop.
Cette culture visuelle a construit, en creux, l’idée d’une IA en forme d’altérité impénétrable : une entité plus qu’humaine, quasi divine, plongeant les personnages dans une quête existentielle pour s’en libérer.
Mais, à mesure que ce que l’on appelle désormais l’IA et les images qu’elle produit s’enchevêtrent avec nos modes de vie, une autre manière de regarder cette technique paraît nécessaire.
C’est ce qu’a souhaité faire l’exposition qui s’est ouverte en avril au musée du Jeu de paume à Paris, « Le monde selon l’IA », dont Mediapart reçoit le commissaire général et professeur de cinéma à l’université Sorbonne-Nouvelle, Antonio Somaini.
L’exposition propose en effet de sortir d'un imaginaire culturel et visuel forgé par le cinéma dans lequel l’IA constitue avant tout une altérité – terrain d’une lutte entre l’humanité et la machine – au profit d’une autre histoire de l’IA. Au-delà de la thématique science-fictionelle qui peut relier le cinéma et l’IA, l’exposition montre en effet comment le cinéma peut être considéré comme une sorte de préhistoire de l’intelligence artificielle, si on le regarde à travers un prisme plus technique, matériel ou idéologique.
On évoque donc ces nouvelles relations entre images et IA avec également Occitane Lacurie, membre du comité de rédaction de la revue Débordements, et Barnabé Sauvage, lui aussi membre de Débordements et post-doctorant au CNRS, au sein du programme « Art, IA et société ».