Dix ans ou presque que Lucrecia Martel n’avait réalisé de film. « Zama », qui met en scène un « corrégidor » en Amérique du Sud à la fin du XVIIIe siècle, signe le retour de la grande cinéaste argentine. Telle qu’en elle-même : virtuose et poisseuse, passionnée par les jeux de l’eau et de la concupiscence, les dangers et les délices de la perte.
« Je« Je ne conçois pas le cinéma sans eau. » L'Argentine Lucrecia Martel n'aurait aucun mal à faire sien ce propos fameux du cinéaste français Jean Renoir. Ses films – quatre seulement en presque vingt ans – sont en effet autant d'histoires d'eau. La Ciénaga (2001) commence au bord d'une piscine, dans un tintement de glaçons et l'imminence d'un orage, et son titre désigne aussi bien une commune qu'un marécage. La Sainte Fille (2003) met en scène une ex-plongeuse professionnelle et s'achève avec deux adolescentes faisant la planche dans une autre piscine, confusément inconscientes des conséquences de leurs actes. La Femme sanstête (2008) s'ouvre dans un canal asséché qui, à nouveau rempli, laissera remonter un cadavre à sa surface tandis qu'on inaugure en grande pompe une troisième piscine.