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« L’esprit critique » arts plastiques : le fou, le pop et la main

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Notre podcast culturel se rend au Louvre pour l’exposition « Figure du fou », à la Fondation Louis Vuitton qui consacre une rétrospective à Tom Wesselmann et au pop art, puis à l’Institut des Cultures d’Islam pour saisir « L’esprit du geste ».

Deux expositions blockbusters et majestueuses – la première remontant au premier Moyen Âge, l’autre se voulant ultra-contemporaine – et un parcours de dimension plus modeste mais néanmoins ambitieux…

« L’esprit critique » profite aujourd’hui de la trêve des confiseurs pour vous convier au musée du Louvre, qui propose d’explorer la « figure du fou » depuis le Moyen Âge jusqu’à la période romantique ; puis à la Fondation Louis Vuitton qui offre une gigantesque rétrospective à Tom Wesselmann et au pop art, et enfin à l’Institut des Cultures d’Islam dont l’exposition « L’esprit du geste » inaugure ses nouveaux espaces de la Goutte d’Or à Paris en s’intéressant aux matières, motifs et mouvements transmis au fil des migrations et faisant le pont entre art et artisanat.

« Figure du fou. Du Moyen Âge aux Romantiques » 

« Figure du fou. Du Moyen Âge aux Romantiques » est le titre de la grande exposition qui a ouvert au musée du Louvre en octobre et qui sera visible jusqu’au mois de février prochain.

L’exposition suit un parcours que l’on pourrait dire à la fois chronologique et thématique, telle une bonne vieille dissertation d’histoire, à travers plus de trois cents œuvres : peintures, enluminures, sculptures et autres gravures…

C’est pendant le Moyen Âge que se met en place la figure souvent subversive du fou, dont nous héritons encore de l’imagerie forgée alors, avec l’habit rayé, le capuchon, les grelots ou la marotte, cette espèce de parodie de sceptre.

À cette époque, la folie désigne avant tout la méconnaissance ou la négligence vis-à-vis de Dieu, même s’il existe aussi des « fous de Dieu », à l’instar de saint François d’Assise.

À partir de la Renaissance, la figure du fou se complexifie, oscillant entre deux pôles. Le premier incarné par le texte La Nef des fous, de Sébastien Brant, à la fin du XVe siècle, qui raconte un voyage imaginaire au pays des fous pour dénoncer les travers de ses contemporains mais estime que la sagesse est tout entière du côté de l’empereur et de l’Église catholique.

Le second pôle est incarné par le philosophe néerlandais Érasme qui, dans son livre intitulé L’Éloge de la folie, datant du tout début du XVIe siècle, en vient à se demander si ce ne seraient pas les prétendus sages qui seraient les véritables fous, et écrit notamment cette maxime : « C’est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous. »

Le commissariat de cette exposition est assuré par Élisabeth Antoine-König et Pierre-Yves Le Pogam, tous deux conservateurs généraux au musée du Louvre.

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« Pop Forever. Tom Wesselmann &… » 

« Pop Forever. Tom Wesselmann &… » : des points de suspension pour désigner beaucoup d’autres artistes « pop » dans le nom de la double exposition qui a ouvert à la Fondation Louis Vuitton, dans le bois de Boulogne, en octobre et qui sera visible jusqu’à la fin du mois de février prochain.

Double exposition puisque ce qu’on peut y voir est d’abord une rétrospective consacrée à Tom Wesselmann né en 1931 et mort en 2004, à travers plus de 150 œuvres allant de ses premiers collages jusqu’à ses immenses séries emblématiques, en forme de gigantesques natures mortes, de panneaux presque publicitaires et de grands nus américains.

Mais ce qu’on y voit est aussi un dialogue du travail de Wesselmann avec 35 autres artistes et 70 œuvres emblématiques du pop art, cherchant à saisir ce qui est moins un mouvement structuré qu’un état d’esprit éclaté.

À cela s’ajoutent enfin les œuvres de plusieurs artistes contemporains pour lesquels Wesselmann est une référence et une source d’inspiration.

Bernard Arnault est longtemps passé pour un nouveau riche du monde de l’art, davantage motivé par la défiscalisation que par la création, et son choix convenu de confier à Frank Gehry l’architecture de la Fondation Louis Vuitton semblait incarner le fait qu’il serait toujours à la remorque de son rival François Pinault.

Mais il faut bien avouer, même si l’on peut encore s’agacer de la façon dont les articles sur la Fondation Louis Vuitton sont souvent de vrais ou de faux publireportages, comme c’était le cas dans Le Monde à propos de cette exposition sur le pop art, que celle-ci a présenté ces dernières années plusieurs expositions majestueuses, de la collection Morozov à la rétrospective consacrée à Jean-Michel Basquiat ou celle dédiée à Mark Rothko.

Le commissariat de cette exposition est assuré par Dieter Buchhart et Anna Karina Hofbauer sous la direction de Suzanne Pagé.

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« L’esprit du geste » 

On change d’échelle pour la dernière exposition examinée aujourd’hui, en se rendant dans les locaux remis à neuf de l’Institut des Cultures d’Islam (ICI) à la Goutte d’Or à Paris.

« L’esprit du geste », exposition inaugurale du site de la rue Léon, réunit dix-sept artistes internationaux qui explorent et réinterprètent des gestes, motifs et matières transmis au fil des siècles et des migrations, en cherchant à montrer les liens qui unissent l’art et l’artisanat dans les cultures d’Islam et à sortir certains gestes de la sphère domestique dans laquelle ils ont souvent été cantonnés.

En montrant des artistes qui ont collecté, appris et retravaillé des techniques et récits dans les ateliers des artisans comme dans l’intimité des foyers, l’exposition présente une sélection d’œuvres qui entremêle peinture, installation, sculpture, chorégraphie, tapisserie ou architecture.

Le commissariat de cette exposition est assuré par l’historienne de l’art et critique Sonia Recasens. Elle a ouvert en octobre et sera visible jusqu’au mois de février.

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 Avec :

  • Magali Lesauvage, rédactrice en cheffe de L’Hebdo, le numéro hebdomadaire spécial enquêtes du Quotidien de l’Art ;
  • Et Margot Nguyen, travailleuse de l’art indépendante.

 « L’esprit critique » est un podcast enregistré par les équipes de Gong et réalisé par Karen Beun.