Le journalisme de chantage, ou l'art du «pas lu pas pris»
Les journalistes Éric Laurent et Catherine Graciet, accusés d'avoir tenté de faire chanter le roi du Maroc, ont pour le moins accepté de mettre leur enquête sous le boisseau contre 2 millions d'euros. Négocier au prix fort la non-publication de son travail était monnaie courante avant-guerre. Retour sur une régression ainsi remise au goût du jour...
LeLe 31 du mois d'août 2015, les éditions du Seuil ont fait savoir que la confiance est rompue : plus question de publier le livre sur le roi du Maroc entrepris par Éric Laurent et Catherine Graciet, ces enquêteurs piégés alors qu'ils avaient accepté – sinon proposé – de monnayer l'abandon de leur travail prétendument bourré de révélations fâcheuses sur Mohammed VI, brasseur d'affaires souvent ignorées. La France, stupéfaite, a semblé découvrir ce qui fut pourtant un grand classique de la IIIe République (1870-1940) : retenez-moi sinon je divulgue ! Et la meilleure façon de retenir, c'était – et c'est toujours – de couvrir d'argent ; en numéraires...