Héctor Tobar est né dans une famille « où la littérature n'allait pas de soi » : une grand-mère illettrée, un père qui a arrêté très tôt sa scolarité et quitté son Guatemala natal pour tenter le rêve américain. Mais qui a encouragé son fils à lire, à écrire, petits cailloux d'une possible intégration dans ces « Estados Unidos de America, les États-Unis d'Amérique ». Né à Los Angeles en 1963, Héctor Tobar n'a pas oublié ce bilinguisme – son roman le plus récent, Printemps barbare, le premier à être traduit en français, est tissé de mots espagnols. Mais il revendique le statut d'écrivain américain et non latino-américain. « Il y a une ségrégation dans la littérature américaine, dit-il. Des distinctions presque étanches entre la littérature noire, la littérature latino et “littérature américaine” encore synonyme de white american literature, de littérature écrite par les Blancs. » Invité en France pour le Festival America – sous-titré pour ses 10 ans « écrivains du Nord au Sud, toutes les Amériques », mais où les auteurs des États-Unis ont accaparé l'attention –, il veut y voir le symbole du succès de cette ambition symbolisée par la présence d'« un mythe vivant » pour lui, Toni Morrison, « qui a contribué à abattre ces frontières ».
Héctor Tobar : «Il y a une ségrégation dans la littérature américaine»
Héctor Tobar, prix Pulitzer en 1992 pour sa couverture des émeutes de Los Angeles, est toujours journaliste au Los Angeles Times. Et aussi écrivain. Son dernier roman, le premier traduit en France, Printemps barbare, a la Californie pour cadre. Rencontre avec un écrivain engagé dans les mutations culturelles américaines.
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Christine Marcandier et Vincent Truffy
28 novembre 2012 à 18h44