En page 82 de Claustria, que publie Régis Jauffret, il y a une scène rigolote (c’est un roman où elles sont rares). Alors que l’écrivain enquête auprès de ceux qui ont travaillé sur l’affaire Fritzl, l’un des psychiatres qui a examiné le père criminel accepte de le recevoir. Plus de questions que de réponses sur les viols à répétition, la séquestration dans une cave sous la maison, à Amstetten, Autriche, d’une jeune fille, puis d’une femme, vingt-quatre ans durant, par son père Josef. Sitôt l’interview terminée, le psy téléphone. Il chiffre à 300 euros le prix de l’entretien, deux heures, merci de les verser à la Croix-Rouge. Une très viennoise façon d’inviter son interlocuteur à réfléchir sur son statut, dans l’histoire. D’où tu parles, écrivain ? Dans Claustria, où l’imaginaire avance masqué sous l’enquête, mélangé à elle – Régis Jauffret a rencontré des experts, des policiers, etc., vous informe le communiqué de presse, tandis qu’en exergue on peut lire « ce livre est une œuvre de fiction » – la question est centrale.
Rentrée littéraire hiver 2012 Vidéo
Régis Jauffret : d'où tu parles, écrivain ?
Une fille violée et enterrée vivante dans une cave par son père, 24 ans durant. Sept enfants, dont trois qui grandissent sous terre. Régis Jauffret s’empare de l’affaire Fritzl, ou l’affaire Fritzl s’empare de lui, le tout aboutit à un roman impressionnant. Vrais êtres humains, pouvoir de la fiction appuyée sur le réel enquêté, quelle voie étroite pour le roman ?
Vidéo réservée aux abonné·es
Enquêtes exclusives, reportages, documentaires, entretiens…
Résiliable en ligne à tout moment
Dominique Conil et Vincent Truffy
11 janvier 2012 à 13h16