Une semaine après la grave blessure consécutive à une chute d’un opposant à l’autoroute A69, deux personnes ont été admises à l’hôpital au cours d’une intervention musclée des forces de l’ordre pour les déloger de l’arbre qu’elles voulaient protéger, vendredi matin.
Des abattages d’arbres ont démarré pendant la nuit de samedi à dimanche, sous la surveillance de la préfecture du Tarn. Au petit matin, une famille opposée à l’autoroute dit avoir été victime d’une grave tentative d’incendie.
À la veille de la possible reprise des coupes d’arbre sur le chantier contesté de l’A69, le niveau de violence monte. L’impunité dont bénéficie le concessionnaire Atosca nourrit un climat où les positions se radicalisent. Et où les pro-autoroutes n’hésitent plus à agresser directement les opposantes.
Mediapart a eu accès à des courriers échangés entre l’administration et Atosca, le concessionnaire de l’autoroute contestée entre Castres et Toulouse. Ils documentent le passage en force de l’entreprise pour déboiser des zones pourtant protégées. Trois nouvelles plaintes ont été déposées cet été en lien avec les chantiers.
Les infrastructures de transport sont à la fois lourdes des imaginaires de leur époque et extrêmement impactantes pour les écosystèmes, analyse le chercheur Nelo Magalhães dans un livre très original, « Accumuler du béton, tracer des routes ». Entretien avant une manifestation contre l’A69 interdite par le gouvernement.
Plusieurs milliers de manifestants ont tenté de rejoindre samedi des tronçons du projet de l’autoroute A69, en dépit de l’interdiction de la préfecture. Après plusieurs heurts à travers champs, les organisateurs déplorent une vingtaine de blessés, dont trois graves. Pour sa part, la préfecture annonce deux blessés du côté des policiers.
Avec ses occupations d’arbres et ses attaques répétées contre les machines de chantier, le mouvement contre l’A69 renouvelle les formes de l’activisme écologiste. Face à cette détermination, le gouvernement joue le rapport de force. Une manifestation prévue le 8 juin a été interdite.
Durant six semaines, l’Observatoire toulousain des pratiques policières a observé la manière dont les forces de l’ordre géraient la mobilisation locale. Bilan : une militarisation disproportionnée, des entraves répétées à la liberté d’information et une stratégie du « pourrissement ».
Mediapart a consulté le contrat de concession accordé à Atosca pour l’autoroute contestée entre Toulouse et Castres. Résultat ? L’addition est encore plus salée qu’annoncée et l’État s’est employé à dissimuler un peu plus ses pratiques antérieures.
Une manifestation contre l’A69 a réuni quelques milliers de personnes ce dimanche dans les rues de Toulouse. Un succès populaire dans cette lutte au long cours et multiforme, qui se déploie également dans l’arène judiciaire.
Jamais l’alerte climatique n’a été aussi aiguë. Jamais les militants du climat n’ont été aussi réprimés en Europe. Une émission avec le rapporteur spécial de l’ONU Michel Forst, la militante écologiste allemande Luisa Neubauer, et Tom, manifestant contre les mégabassines.
La coupe des arbres du bois de la Crémade, point de fixation de la lutte contre l’autoroute A69, est susceptible de poser des questions de légalité, selon les constatations de l’Office français de la biodiversité (OFB). La préfecture du Tarn y avait pourtant autorisé les travaux de l’autoroute.
Les annexes du contrat de concession, jusqu’à présent protégées par le secret des affaires, ont été communiquées à la commission d’enquête parlementaire. Le gouvernement persiste à garder secrets les documents préparatoires du Plan de relance autoroutier réclamés par l’écologiste Raymond Avrillier.
Alors que le député Renaissance Jean Terlier, soutien de l’autoroute, a obtenu de présider la commission d’enquête, Mediapart révèle les multiples interventions d’un haut fonctionnaire, ancien conseiller de François Hollande, dans le projet.
Pour autoriser le défrichement du bois de la Crémade, sur le tracé de l’A69, l’État s’assoit sur ses propres règles. Sur place la tension est à son comble. Le rapporteur de l’ONU demande au gouvernement de laisser les activistes accéder à la nourriture et à l’eau.
Le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement s’est rendu jeudi sur un site occupé par les militants opposés au chantier de l’A69, dans le Tarn, où rien n’a été fait pour dissimuler la brutalité de la répression en cours.