Au métro Belleville, à Paris, plus d'une centaine de vendeurs prennent place tous les mardis et vendredis non loin du marché historique. Ce sont des biffins: après avoir trouvé des marchandises dans des poubelles, ils les revendent à des prix défiant toute concurence. Les acheteurs affluent, pour se procurer des barquettes de viande périmée à 1 euro ou des pull-overs à 50 centimes. Fanny, 73 ans, fait partie des habitués.Retrouvez les vingt reportages publiés depuis le début de l'année en cliquant sur notre carte "Sur la route de la crise".
FannyFanny s'arrête devant chaque vendeur, et scrute la marchandise, à l'affût. Elle fouille quasiment dans le sac d'un marchand, en sort des barquettes de viande. Celle de 6 steaks est étiquetée 9,82 euros. L'autre, de deux bavettes, 6,21 euros. Fanny paraît hésiter. La date de péremption est dépassée, «mais depuis une journée seulement». En revanche, la viande a déjà été congelée, on voit des morceaux de glace dans la barquette. Et la couleur de la chair tourne au bleu. Le marchand lance: «Un euro la barquette !» Fanny se tâte, sort deux autres emballages sur lesquels il est écrit «4 tranches de saumon au moins», et dont la date de péremption n'est, elle, pas dépassée. «Trois euros pour l'ensemble», dit le vendeur. Fanny met tout dans son sac et glisse juste trois pièces de 50 centimes dans la main du marchand, qui hoche la tête et ne dit rien.
