Dominique Peutevynck s'est suicidé le 21 août 2004. Il était salarié de la centrale nucléaire EDF d'Avoine, près de Chinon (Indre-et-Loire). Dans les mois qui avaient précédé son geste, le médecin du travail avait tiré la sonnette d'alarme sur l'état de «souffrance professionnelle» des salariés de son service. EDF n'avait pas réagi. Le 30 novembre, le tribunal des affaires de sécurité sociale se prononcera sur la faute de l'entreprise. Les enjeux sont essentiels: il en va de la responsabilité d'une organisation managériale dans son ensemble, et pas seulement d'un supérieur hiérarchique. Mais aussi de la reconnaissance que la dépression peut être une maladie professionnelle.
C'estC'est un procès symbolique. Un procès qui fait peur à EDF, et à l'ensemble des entreprises françaises. Le 30 novembre, Jérôme et Bastien Peutevynck espèrent obtenir enfin la reconnaissance de la faute inexcusable d'EDF dans le suicide de leur père, en août 2004. Après cinq années de procédures judiciaires, ils pensent pouvoir faire condamner devant le tribunal des affaires de sécurité sociale de Tours (Indre-et-Loire) non pas un chef de service pour harcèlement moral, non pas une hiérarchie, mais une entreprise dans son ensemble, pour son système de management. Ce serait une première. Et cela ouvrirait une brèche considérable dans la défense habituelle des entreprises face aux suicides de leurs salariés.