Comment une entreprise en est-elle venue à financer, entre 2012 et 2014, des groupes terroristes ayant pris le contrôle d’une partie de la Syrie, dans le seul but de continuer à faire tourner son usine? Et qu’en savaient précisément les dirigeants du groupe ? C'est l’objet du procès de Lafarge et de ses dirigeants, actuellement en cours devant le tribunal de Paris.
Le procès de la multinationale Lafarge, poursuivie avec ses anciens dirigeants pour avoir financé des organisations terroristes en Syrie entre 2012 et 2014, s’est conclu vendredi 19 décembre au tribunal de Paris. Le jugement sera rendu le 13 avril prochain.
Six ans d’emprisonnement ont été requis contre l’ancien PDG du cimentier français et cinq contre son bras droit, poursuivis pour financement du terrorisme en Syrie. Le maximum de l’amende prévue par la loi a été réclamé contre l’entreprise elle-même : 1,125 million d’euros.
Un universitaire, un grand reporter, un écrivain, un général, un journaliste d’investigation… Cités à comparaître à la demande des prévenus, des experts éclectiques ont expliqué pendant un mois à la barre du tribunal que ce dossier de financement du terrorisme était pétri de zones d’ombre. En vain.
Une survivante des attentats du 13-Novembre a livré, mercredi 10 décembre, un témoignage bouleversant au procès de la multinationale et de ses anciens dirigeants, poursuivis pour avoir financé des organisations terroristes en Syrie, notamment l’État islamique.
Le témoignage de Jean-Claude Veillard a mis à mal la version des prévenus. Cet ancien militaire a regretté que personne chez Lafarge n’ait tenu compte de ses alertes sur la situation syrienne. Selon lui, les services de renseignement français ignoraient tout des paiements à des organisations terroristes.
Un ancien dirigeant du cimentier a avoué jeudi avoir caché la vérité à un diplomate concernant les versements à des organisations terroristes. Principale ligne de défense des prévenus, l’idée selon laquelle les autorités françaises savaient pour les activités de la multinationale semble mise à mal.
Le tribunal de Paris est revenu, mercredi 3 décembre, sur le lien indirect qui peut être fait entre les sommes considérables versées en Syrie, entre 2012 et 2014, par le groupe Lafarge à l’État islamique, et les attentats de novembre 2015 commis en France par le même État islamique.
Un ancien salarié de Lafarge en Syrie est venu témoigner, vendredi 28 novembre, de l’incroyable irresponsabilité de la multinationale qui a pactisé entre 2012 et 2014 avec des groupes terroristes islamistes. Les anciens dirigeants du groupe français continuent, eux, de s’enfoncer à la barre.
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L’audience de mercredi a montré combien la force du déni semble à l’œuvre chez certains prévenus. Confrontés à leurs propres écrits passés, ces anciens dirigeants de la multinationale donnent avec leurs réponses une couleur presque orwellienne aux débats.
Le tribunal de Paris est entré, mardi 25 novembre, dans le vif du scandale Lafarge : comment une entreprise en est venue à financer le terrorisme islamiste en Syrie, et qui savait quoi parmi les dirigeants du groupe ? Autopsie d’un crime de bureau.
Gestionnaire des risques du cimentier en Syrie, Jacob Waerness avait alerté à plusieurs reprises ses supérieurs de la présence de groupes djihadistes. À l’audience, celui qui est, lui aussi, poursuivi pour financement du terrorisme, se révèle beaucoup plus évasif.
Bruno Lafont, l’ancien PDG du cimentier accusé d’avoir financé le terrorisme islamiste en Syrie entre 2012 et 2014, a assuré à la barre qu’il ne savait rien. L’un de ses adjoints l’a contredit. Dans ce début de procès, chacun s’innocente individuellement, mais tout le monde s’accuse collectivement.
Le cimentier est jugé à partir du mardi 4 novembre, à Paris, pour avoir financé en connaissance de cause des groupes terroristes en Syrie, entre 2012 et 2014. Plusieurs anciens dirigeants, dont le PDG Bruno Lafont, sont également sur le banc des prévenus de ce procès de la cupidité d’entreprise.
Trois juges parisiens demandent la tenue d’un procès à l’égard de la multinationale du ciment et plusieurs de ses ex-dirigeants. Ils pointent dans leur synthèse d’enquête le mobile « strictement économique » du pacte diabolique passé avec l’État islamique en Syrie.
Si la multinationale du ciment est un jour jugée pour avoir financé l’État islamique en Syrie, ce sera grâce à elles : les juristes à l’origine de cette plainte historique, invitées de « À l’air libre » avec Justine Augier, qui publie « Personne morale », un livre sur l’affaire.
Dans son réquisitoire définitif, au terme duquel il réclame la tenue d’un procès contre la multinationale et ses anciens dirigeants, le Parquet national antiterroriste met en pièces la thèse, défendue par plusieurs mis en cause, d’une complicité de la diplomatie et des services de renseignement.