Comment sont distribuées les plus hautes distinctions nationales ? Mediapart met au jour les relations d’affaires ou de clientélisme au cœur de nominations dans les ordres de la Légion d’honneur ou de l’Ordre national du mérite.
Malgré toutes les tentatives pour obtenir son retrait, Franco est aujourd’hui encore décoré de la Légion d’honneur. Une médaille sur laquelle les autorités françaises refusent de revenir et que les nostalgiques du dictateur exploitent régulièrement en Espagne, dans leur entreprise de réhabilitation.
Alors qu’ils avaient été validés à l’Élysée, les dossiers de la chanteuse et du cinéaste ont été bloqués en raison des affaires visant les intéressés, selon des informations de Mediapart. La grande chancellerie a toutefois validé d’autres candidatures problématiques.
Mediapart a passé au crible l’ensemble des décorations attribuées par Gérald Darmanin dans ses différentes fonctions gouvernementales depuis 2017. Les résultats sont sans appel : 84 % des élus décorés appartiennent au camp politique du ministre.
Premier président de la Ve République condamné pour corruption, Nicolas Sarkozy a fini par être exclu des ordres nationaux, comme le droit l’impose. Son ancien parti n’a pas tardé à dénoncer une décision « honteuse ».
L’actuel chef de l’État s’oppose au retrait des décorations de Nicolas Sarkozy au nom du « respect » dû à l’ancien président. En janvier, la grande chancellerie de la Légion d’honneur affirmait pourtant à Mediapart que cette sanction était de droit.
Marlène Schiappa, Olivier Dussopt, Amélie Oudéa-Castéra, Sylvie Goulard ou encore Stéphane Courbit sont promus ce 18 janvier malgré les affaires dans lesquelles ils ont été éclaboussés à des degrés divers.
La condamnation définitive de Nicolas Sarkozy pour corruption lance sa procédure d’exclusion de la Légion d’honneur. D’après les informations de Mediapart, le dossier a d’ores et déjà été préparé à la grande chancellerie. Tandis que le retrait des décorations à François Fillon, lui aussi définitivement condamné, est imminent.
De riches récipiendaires de la Légion d’honneur sont soupçonnés d’avoir profité de largesses de l’institution. Alertée, la présidence de la République n’a pas voulu faire de vagues.
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L’ouverture d’une enquête judiciaire délie les langues sur le fonctionnement de la Légion d’honneur. Au cœur des questionnements : un lobbyiste immobilier, proche du grand chancelier Benoît Puga, qui entretenait des relations d’affaires avec des bénéficiaires de décorations.
La justice soupçonne le général Benoît Puga, en poste sous Nicolas Sarkozy et François Hollande, de s’être compromis avec un richissime sénateur de droite. Ce dernier a bénéficié de nombreuses décorations pour ses proches quand le militaire dirigeait la Légion d’honneur.
Mediapart a découvert de nouveaux liens entre le général Benoît Puga, lorsqu’il était grand chancelier de la Légion d’honneur, et le sénateur Jean-Pierre Bansard, dont tout l’entourage ou presque a été décoré. Le scandale ne fait qu’enfler.
Le sénateur Jean-Pierre Bansard, l’une des 300 premières fortunes de France, s’est montré des plus généreux avec le général Puga, grand chancelier de la Légion d’honneur jusqu’en janvier 2023. Il l’a invité pour des vacances en Corse, l’a convié à des dîners, a offert un contrat à l’un de ses fils. Dans le même temps, nombre de ses proches et soutiens politiques ont été décorés.
Le journaliste Corrado Augias, à Rome, a restitué lundi son insigne. Plusieurs intellectuels italiens ont fait de même pour dénoncer la décoration par Macron du dictateur égyptien.
Lundi 29 janvier, l’ambassade de France à Budapest a remis la Légion d’honneur à une membre du gouvernement Orbán. Une distinction qui intervient alors qu’Emmanuel Macron se pose en adversaire du dirigeant hongrois sur le plan européen.
Emmanuel Macron a annoncé son intention de restaurer « l’esprit de la Légion d’honneur » en diminuant le nombre des récipiendaires. À Bercy, de hauts fonctionnaires estiment que le cas Pierre-Mathieu Duhamel, pressenti en juillet pour être élevé au grade de commandeur, permettra de jauger la sincérité présidentielle.
L’ancien premier ministre Laurent Fabius, l’actuel directeur de la DGSE Bernard Bajolet et plusieurs représentants de l’industrie de défense sont décorés ou promus, ainsi que quelques revenants. C’est le cas de Michel Roussin, l’ancien directeur de cabinet de Jacques Chirac, pourtant condamné en 2008.