Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a décidé qu’à Mayotte, des centaines de personnes devaient être chassées de leurs logements et ceux-ci démolis. L’opération « Wuambushu», prévue à partir du 25 avril 2023, doit surtout conduire à l’expulsion de l’île de nombreuses de personnes venues des Comores voisines. Dans ce dossier, nos reportages et analyses sur une île où la France maintient sa souveraineté en violation flagrante du droit international.
Sept mois après le passage de Chido, le Parlement a définitivement adopté jeudi le projet de loi visant à « refonder » le département le plus pauvre de France, confronté avant même le cyclone à d’immenses défis.
Le projet de loi de « refondation de Mayotte » est discuté depuis lundi à l’Assemblée nationale. Parmi les premiers amendements adoptés, la fin des visas territorialisés, mais aussi la facilitation de destruction des habitats précaires ou encore l’enfermement des mineurs et des familles.
Alors que le jeune homme vivait à Mayotte depuis 2015 et que son titre de séjour était prêt en préfecture sans qu’il le sache, il a été renvoyé aux Comores après un contrôle d’identité. « Ils font ce qu’ils veulent, ici », dénonce celui à qui la justice a donné raison.
Depuis 2019, le droit du sol n’est plus appliqué à Mayotte, où se rend lundi Emmanuel Macron. Une situation dérogatoire qui a été à nouveau durcie par les parlementaires. La France a ainsi fait basculer la vie de milliers de jeunes qui, bien que nés et ayant grandi à Mayotte, en sont exclus.
Déjà en tension avant le passage du cyclone Chido le 14 décembre, le système de soins mahorais traverse une crise sans précédent. Manque de matériel, de médicaments, sous-effectif, personnel épuisé : des problématiques nouvelles mettent en danger la vie des patients. Emmanuel Macron est en visite sur l'île dimanche 20 avril.
Le parti Les Républicains avait déposé une proposition de loi pour durcir les conditions d’accès à la nationalité sur l’île. Elle a été adoptée par les députés jeudi 6 février et rendue encore plus stricte, alors qu’elle n’aura sans doute aucun effet sur les mouvements migratoires.
Officiellement, le cyclone Chido a fait 39 victimes, mais ce bilan semble largement sous-estimé. Le refus des autorités de dévoiler le nom des victimes et de procéder à un recensement solide des disparus interroge : l’État a-t-il quelque chose à cacher ?
Avant même le cyclone Chido, un collectif de citoyens anti-immigration a occupé le bureau des étrangers de l’archipel. Il n’a toujours pas rouvert ses portes. Le blocage, toléré par la préfecture, a poussé dans la clandestinité des milliers de personnes et en empêche d’autres de quitter l’île.
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Les enseignants de l’île reprennent du service lundi 20 janvier, cinq semaines après le passage dévastateur de Chido, et une semaine avant le retour des élèves. Une rentrée précipitée pour les syndicats, alors que l’école à Mayotte souffrait déjà de mille maux avant le cyclone.
En visite pendant deux jours sur l’île dévastée, la cheffe de file du RN est arrivée dans un territoire conquis, où ses marottes anti-immigration sont désormais défendues par des responsables politiques de tous bords. À commencer par François Bayrou et ses ministres.
Depuis le passage du cyclone Chido, l’île est dévastée. La population des bidonvilles, déjà démunie, dénonce le manque de secours et s’organise. Le photographe Michael Bunel a suivi au plus près les efforts déployés pour reconstruire les habitations et survivre, malgré le manque de tout.
Lors de son déplacement à Mayotte lundi, François Bayrou a annoncé une longue liste de mesures pour répondre à l’urgence après le passage du cyclone Chido. Cet inventaire à la Prévert laisse dubitatifs nombre de responsables politiques et syndicaux, qui se méfient des effets d’annonce.
Deux semaines après le passage du cyclone Chido, l’aide tarde à se concrétiser à Mayotte. Le premier ministre et plusieurs membres du gouvernement, qui sont annoncés sur l’île ce lundi, arrivent dans un contexte très tendu, où la sidération a laissé la place à la colère, et où le sentiment d’abandon est généralisé.
Ses routes désormais dégagées, Mayotte découvre l’ampleur de sa dévastation. Certains morts du cyclone sont déjà enterrés. Mais il y en aura beaucoup d’autres sans un accès minimal aux soins et à l’hygiène pour les plus précaires.
Les habitants de l’île, notamment dans les bidonvilles, totalement rasés, ont attendu une semaine avant d’être aidés. Un tel délai interroge, en cette journée de deuil national : l’État a-t-il tout mis en œuvre pour sauver des vies ?
À Mayotte, les « bangas » des bidonvilles constitués de tôle ondulée se sont effondrés sur le passage du cyclone Chido. Dans ces conditions d’habitat indignes pour 40 % de la population, se pose la question de la reconstruction. Une architecture résiliente réclame d’être pensée et des moyens.