International Analyse

Présidence du Conseil européen: ce qui se cache derrière le choix d'Herman Van Rompuy

Derrière le choix possible du premier ministre belge Herman Van Rompuy pour exercer la première présidence stable du Conseil européen créée par le traité de Lisbonne, se dessine l'opposition entre deux modes de gouvernance de l'Union européenne, la «méthode communautaire» ou l'approche intergouvernementale. Avec Jean-Claude Juncker à la manœuvre et Tony Blair dans le rôle du dindon de la farce. Analyse.

Philippe Riès

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Si ce n'est toi, c'est donc ton frère: Van Rompuy et Juncker

C'est Nicolas Sarkozy qui avait lui-même défini les termes de l'alternative à l'issue du récent sommet européen de Bruxelles où la désignation du futur président du Conseil européen (et non pas de l'Union européenne) ne figurait pas à l'agenda officiel mais dominait les conciliabules: une personnalité «charismatique pour porter la voix de l'Union européenne» ou bien un «facilitateur de consensus» entre les chefs d'Etat et de gouvernement qui l'auront désigné et dont il présidera les travaux. Avec les fuites organisées le jour même où la Cour constitutionnelle de la République tchèque levait le dernier obstacle à la ratification du traité de Lisbonne, on connaît peut-être la réponse: un homme politique belge peu connu hors de son pays, Herman Van Rompuy, déjà parvenu par accident à la direction du gouvernement fédéral, pourrait être ce premier président «stable».
«Il y a un consensus sur son nom, ce qui est rare à 27. Personne d'autre ne fait l'unanimité», a confié à l'AFP Bruxelles un «diplomate européen» à la nationalité non précisée (mais qu'on devine sans peine). Si ce choix était confirmé, il serait manifestement celui de Nicolas Sarkozy et d'Angela Merkel, le chef de l'Etat français ayant pris la peine de préciser à Bruxelles que «la France et l'Allemagne soutiendront le même candidat le moment venu».

Il est vrai que le vétéran (62 ans) de la démocratie chrétienne flamande remplit la plupart des critères de sélection dans un processus qui brille par son manque de transparence et d'ouverture démocratique. Il n'y a pas de candidat, comme l'a rappelé le premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, tout en faisant savoir qu'il ne refuserait pas un appel. Nul besoin non plus de présenter un programme ou simplement d'exprimer une «vision» de l'Europe et son avenir. De plus, relève André Sapir, chercheur émérite chez Bruegel, le laboratoire économique bruxellois, les traités sont muets sur la définition précise du poste créé pour remplacer les présidences tournantes semestrielles. «Président [au sens français autoritaire du terme] ou chairman [dans l'acception anglaise d'un arbitre], même ce choix-là n'a pas été fait de manière transparente», dit-il. La fonction n'étant pas bien définie, le profil du candidat idoine est lui-même du plus grand flou, même si la pratique récente permet d'identifier quelques règles.

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