Emre Öngün, militant franco-turc, docteur en science politique, livre une analyse détaillée des processus historiques et politiques qui animent la recomposition actuelle de la gauche turque autour des questions d'autonomie kurde et de paix civile.
DansDans son développement, la Turquie présente historiquement deux caractéristiques principales déjà à l’œuvre à la toute fin de l’Empire ottoman. D’une part, elle est l’héritière d’un statut à la périphérie capitaliste, proie potentielle des puissances impérialistes – un rôle dont l’impuissance de l’Empire ottoman dernière période était la quintessence. D’autre part, l’État turc tel qu’il s’est construit porte l’héritage d’un nationalisme turc déjà au pouvoir à la fin de l’Empire et portant le projet de soumettre les populations non turques. En d’autres termes, le nationalisme turc se distingue ainsi des autres nationalismes se développant à la fin de l’Empire (arabe, kurde…) en tant que nationalisme de dominants locaux. Il faut particulièrement insister sur la nécessité de ne pas mettre une barrière étanche entre l’Empire ottoman et la république turque fondée en 1923.