International Dépêche

L’ours blanc a 600 000 ans

Une nouvelle étude sur l'ADN de l'ours blanc montre que l'espèce est beaucoup plus ancienne qu'on ne le pensait jusqu'ici.

Michel de Pracontal

Illustration 1
Ours blanc au Canada © Ansgar Walk

L’ours blanc (Ursus maritimus) a divergé de la lignée des ours bruns il y a environ 600 000 ans, pendant l’une des périodes les plus froides qu’ait connue notre planète. Telle est la conclusion d’une étude génétique menée par l’équipe internationale de Frank Hailer (Centre de recherche sur la biodiversité et le climat, Francfort) qui vient de paraître dans la revue américaine Science. Cette étude s’appuie sur une analyse de plusieurs séquences d’ADN nucléaire (présent dans le noyau des cellules), et donne des résultats plus précis que les recherches précédentes, qui n’avaient examiné que l’ADN mitochondrial (transmis uniquement par la mère). Jusqu’ici, on pensait que l’ours blanc s’était séparé des autres plantigrades il y a environ 100 000 ans, ce qui en faisait une exception, car la spéciation de la plupart des mammifères actuels remonte à un délai de l’ordre du million d’années. De plus, cela faisait un délai assez court pour expliquer la parfaite adaptation de l’ours polaire à son habitat, la banquise autour du pôle Nord. Ursus maritimus possède une épaisse couche de graisse qui l’isole du froid. Sa fourrure blanche lui fournit un excellent camouflage sur la banquise, tandis que sa peau noire lui permet d’absorber l’énergie lumineuse et de mieux conserver sa chaleur corporelle. Excellent nageur, il plonge sans hésiter dans l’océan arctique. L’analyse génétique de Hailer, plus complète que les précédentes, confirme que toutes ces adaptations ont demandé du temps. Elle suggère aussi que le changement rapide du climat, qui entraîne notamment la fonte des banquises, risque de prendre l’évolution de vitesse. Certes, si sa lignée est plus ancienne, cela implique que l’ours blanc a déjà connu des périodes de réchauffement climatique dans le passé. Mais les chercheurs craignent que « de multiples facteurs de stress liés à l’activité humaine (transformation de l’habitat, chasse, accumulation de substances toxiques dans la chaîne alimentaire, etc) aggravent les conséquences du changement climatique actuel, créant une nouvelle et dangereuse menace pour la survie de l’ours polaire ».

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