«Che : Guerilla» ou la difficulté de filmer une descente aux enfers
Avec le second volet de son diptyque consacré à Ernesto Guevara, le réalisateur américain Steven Soderbergh est confronté à une tâche délicate : comment rendre compte de la douleur physique et psychologique du «Che» dans les derniers mois de sa vie, lorsqu'il tente d'exporter la Révolution en Bolivie.
« Le Journal de Bolivie », d'Ernesto Guevara, est un texte absolument éprouvant à lire. C'est la chronique d'un homme en train de se suicider, qui le sait, et qui souffre durant toutes les étapes de son chemin de croix dans les contreforts andins. La souffrance est psychologique (la conscience d'avoir pris une mauvaise décision stratégique, le délitement du groupe de guérilleros, les trahisons, le sentiment d'échec), mais aussi et surtout physique. Page après page, le médecin Ernesto Guevara de la Serna décrit les blessures, les maladies, les infections, la douleur dans son corps d'asthmatique, la faim qui tiraille ses compagnons, l'état miséreux auquel ils sont réduits.