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Prison. « Si tu es le mec le plus chic dans une pièce, c’est que tu es au mauvais endroit » : cette formule de Boris revenait souvent dans son travail. Dans sa cellule de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, l’artiste n’était pas le mieux sapé mais il n’était pas pour autant à sa place. Il commente : « La prison pour du graffiti, c’est stupide. Personne ne comprenait ce que je faisais là-bas. La place d’un artiste n’est pas en prison, je ne méritais pas ce traitement mais j’ai assumé et j’ai fait quatre mois de prison ferme, en détention provisoire. Le graffiti est un art, un art illégal puisque tu peins sur des propriétés privées ou publiques, mais un art qui a une longue histoire et qui est reconnu par les institutions. Les graffeurs sont des artistes, il y en a de plus ou moins agressifs, mais ce sont des gens créatifs. La prison n’est pas une solution pour lutter contre des artistes qui n’entrent pas dans le rang. Photographier des gens qui font du graffiti, encore moins. Un journaliste n’est pas responsable des actes des personnes qu’il suit; il n’est pas coupable de ce qu’il voit.
J'espère que les gens qui prennent la décision de t’envoyer en prison pour si peu ont conscience de ce qu’il s’y passe : en prison, tu te retrouves souvent avec des gens qui sont chauds, des escrocs, des violeurs, des vrais criminels. La condamnation la plus logique serait de nous faire nettoyer des graffitis, ce serait une manière créative d’utiliser notre énergie et ce serait proportionnel au dommage. La prison casse tout simplement le potentiel de gens aventureux et curieux. Dans le graffiti, tu as soif de liberté et de peinture. La prison, c’est l’école du crime, il n’y a aucun programme culturel, rien n’est fait pour que tu puisses t’exprimer ou te développer. Tu ressors juste de là avec les bons contacts pour devenir un vrai escroc ou un braqueur. »
Boris, numéro d'écrou: 412100
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4 février 2015 à 17h14