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« C’est la première fois qu’on me traite comme un être humain au Liban »

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Abandonnées par leurs employeurs partis se mettre à l’abri des bombes, des centaines de travailleuses domestiques surexploitées se retrouvent en grande détresse au Liban. Reportage dans un refuge qui accueille 200 femmes venues de Sierra Leone.

Rachida El Azzouzi

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    © Rachida El Azzouzi

    Banlieue de Beyrouth (Liban), 23 octobre 2024. Kadiatu Kamara est sûre de sa décision. Elle reste au Liban. 

    Elle a beaucoup hésité, déchirée entre le besoin de quitter ce pays en guerre où elle est si maltraitée, de rentrer à Freetown, en Sierra Leone, retrouver ses enfants de 5 et 11 ans qu’elle n’a pas vus depuis deux ans, et cette « lourde responsabilité » qui l’accable : elle doit subvenir aux besoins de sa famille.

    Elle est le pilier du foyer, celle sur qui on a tout misé pour sortir de la pauvreté. Pour cela, elle est devenue travailleuse domestique dans un Liban vendu comme un eldorado et qui s’avère être un enfer.

    Depuis qu’elle a quitté Freetown, après s’être endettée auprès d’une agence de recrutement de domestiques, elle n’a connu que des abus et des violences, travaillant en moyenne vingt heures par jour, sept jours sur sept.

    Arrivée en 2022, Kadiatu Kamara n’a touché les premiers mois qu’à peine 50 des 150 dollars promis. Le reste était prélevé pour rembourser la dette de 600 dollars contractée pour travailler. Certains mois elle était payée, d’autres non.

    Bonne à tout faire dans une famille chrétienne maronite du nord du Liban, elle s’est occupée tout particulièrement d’un homme grabataire. À sa mort, son entourage est devenu « de plus en plus dur et méchant » avec elle.

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