Avec 80 000 véhicules quotidiens en moyenne et jusqu’à 180 000 aux entrées des agglomérations lilloise et parisienne, l’autoroute A1 est la plus fréquentée du pays et l’un des principaux axes européens pour les poids lourds. À l’heure du confinement, les 211 kilomètres qui séparent Lille de Paris affichent un visage bien différent. Nous sommes allés à la rencontre de ceux qui y passent et y travaillent.
Aire de Phalempin-Ouest (Nord), mercredi 8 avril 2020. Florent Baussian, chauffeur routier, est parti de Périgueux le lundi pour les Landes avant de remonter en Belgique et de redescendre vers Angoulême. S’il semble apprécier son métier, la situation actuelle lui pèse : « Quand je charge ou décharge chez les clients, j’ai parfois l’impression d’être un pestiféré : on ne nous laisse plus entrer, il faut patienter sous la pluie… Ce qui me plaît aussi dans ce travail, c’est de se retrouver le soir avec les collègues au restaurant après une journée seul dans le camion. Depuis le 15 mars, comme tout est fermé, je mange dans ma cabine les plats préparés par ma femme… » Les aires d’autoroutes sont les derniers endroits où prendre une douche, aller aux toilettes ou s’offrir un café. En dehors des réseaux autoroutiers, il faut compter sur des élans de solidarité. Dans un village près de Pau, un curé lui a proposé une douche ; dans le Lot, une habitante lui a offert un café.