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Dans les camps de réfugiés sahraouis, « on n’en peut plus »

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Depuis le retrait du colonisateur espagnol en 1976, le Sahara occidental est au cœur d’un conflit entre le Maroc et le Front Polisario, soutenu par Alger. Alors que le cessez-le-feu vieux de trente ans a été brisé et que les tensions s’aggravent encore entre les deux grands États du Maghreb, reportage dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf où « on n’en peut plus ».

Arnaud Marin

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    © Arnaud Marin

    Camp de Boujdour, octobre 2021. Pour le Maroc, ils sont les « séquestrés », les « prisonniers », les « esclaves » du Front Polisario, le mouvement indépendantiste sahraoui et de son principal soutien et hôte, l’Algérie. Pour l’organisation des Nations unies (l’ONU), ils subissent l’une des pires crises de réfugiés au monde. Depuis quarante-six ans, dans un désert inhospitalier de sable et de rocaille à l’extrême sud-ouest de l’Algérie (la hamada de Tindouf), des dizaines de milliers d’exilés sahraouis – plus de 173 000 selon le haut-commissariat aux réfugiés – attendent de retrouver un jour leurs terres du Sahara occidental, ce territoire non autonome selon l’ONU, au cœur d’un conflit encalminé opposant le Front Polisario au Maroc (lire ici notre reportage)

    « Dans un désert magique pour des touristes, pas pour croupir un demi-siècle », rage un Sahraoui, ils attendent le référendum d’autodétermination promis en 1991 par les Nations unies qui, trente ans plus tard, semble relever de la chimère, tant le conflit est dans l’impasse et le Maroc catégoriquement opposé à cette option. Condamnés à un exode sans fin, ils survivent de l’aide humanitaire, dispersés dans cinq camps battus par les vents, qui portent tous un nom en référence à une localité du Sahara occidental. Une dispersion pensée selon les ressources en eau mais aussi dans un souci défensif en cas de bombardements.

    Ces campements ont une particularité qui les distingue des autres camps de réfugiés à travers le monde : ils sont administrés non pas par le pays hôte mais par une république en exil, la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) proclamée le 27 février 1976 et reconnue à ce jour par une trentaine de pays essentiellement africains (contre plus du double dans les années 90). Les autorités de la Rasd exercent ainsi les pouvoirs administratif, judiciaire, policier, militaire et politique. 

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