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Ces photographies ont été publiées par le compte Instagram @goldorak42, et par celui du chef Davy Tissot. Elles nous ont été signalées par le compte Twitter @_osint_ [qui appartient à un enquêteur en sources ouvertes – ndlr].
Ces photos sont publiques et d’intérêt général, car elles disent le faste du « dîner des sommets » du 23 juin 2022, un événement tenu secret mais financé avec l’argent du contribuable, comme Mediapart l’a révélé. -
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Le dernier « dîner des sommets » organisé par la présidence de la Région Auvergne-Rhône-Alpes s’est tenu le 23 juin au château de la Chaize, dans le Beaujolais, propriété du millionnaire Christophe Gruy, qui a fait fortune dans les infrastructures ferroviaires, l’immobilier et l’énergie.
Le 13 octobre, Mediapart a dévoilé l’existence de ce dîner et son coût : plus de 100 000 euros d’argent public. Soit plus de 1 100 euros par convive, pas loin d’un Smic mensuel, aux frais du contribuable.
Le principe : réunir dans un lieu de prestige des personnalités du cru (chefs d’entreprise, patrons de presse, sportifs, grands noms de la cuisine…), autour du dirigeant de l’exécutif régional.
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Pour l’occasion, Laurent Wauquiez, dont les ambitions pour l’élection présidentielle 2027 se font de plus en plus précises, a vu les choses en grand. À leur arrivée, les convives ont notamment été escortés à bord de vans de luxe pour parcourir quelques centaines de mètres seulement.
Avant le dîner, l’apéritif au champagne a été servi dans les jardins à la française dessinés par Le Nôtre.
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Le dîner s’est ensuite tenu dans les chais du château.
L’aménagement des lieux en mobilier et matériel de son et lumière a été assuré par la société d’événementiel GL Events pour 45 435,67 euros. Sans crainte du mélange des genres puisque son président, Olivier Ginon, réputé proche des politiques (lire ici ou là), figurait aussi parmi les convives.
Contacté par Mediapart, il évoque « une manifestation ayant pour but d’échanger et de mobiliser les acteurs socioéconomiques au service du développement des territoires ».
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« C’était un dîner très agréable, dans un cadre très agréable, c’est évident ; ce n’était pas la cantine de M6 », admet auprès de Mediapart Nicolas de Tavernost, président du directoire du groupe M6, qui a pris part à cette soirée.
Le dîner a été élaboré par l’Institut Paul Bocuse avec service à la cloche – un serveur par convive –, bouteille de vin, pâtisserie et tire-bouchon siglé de la Région en cadeaux…
Au menu : « lentilles vertes du Puy, crème d’anguille fumée, mousse légère de betterave au vinaigre de xérès », « foie gras de canard aux douces épices », « tournedos de volaille de Bresse sauce Albufera » et « festival de gourmandises », arrosés des vins de la propriété et de « porto vintage ».
Le coût de cette prestation, d’après nos informations : 19 751,11 euros.
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Parmi les invités, on compte des grandes fortunes comme le milliardaire Alain Mérieux, fondateur de BioMérieux, le propriétaire du château Christophe Gruy et sa famille, des chefs d’entreprise et de start-up, des patrons de groupes de presse, quelques artistes et des personnalités du monde associatif.
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Présent également le tennisman Jo-Wilfried Tsonga, ici en photo avec le chef du restaurant gastronomique Saisons de l’Institut Paul Bocuse.
À l’annonce du montant de la facture, comme la majorité des convives questionnés par Mediapart, Jo-Wilfried Tsonga s’est refusé à tout commentaire : « Ce n’est pas à moi d’en juger, encore moins sans connaître la véracité de vos propos. »
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Pour organiser les « dîners des sommets », le président de Région a aussi fait appel, pour 48 000 euros TTC, aux services d’un consultant de luxe, connu pour avoir participé au financement de la campagne d’Emmanuel Macron en 2017.
Cette prestation vise à « accompagner » la collectivité pour « définir le concept et le nom de cette série d’événements » (le « dîner des sommets », donc), puis « identifier, contacter et briefer les intervenants » de chaque repas et, enfin, « définir le déroulé et les livrables » de ces soirées.
Le titulaire du marché est la société Mediafin d’Édouard Tétreau, un ancien analyste financier reconverti dans le conseil aux dirigeants d’entreprises.
Également chroniqueur dans des médias nationaux (Le Figaro ou Les Échos), Édouard Tétreau présente la particularité d’avoir organisé, avant la présidentielle 2017, des soirées de levée de fonds pour le financement de la candidature d’Emmanuel Macron.
Sollicité par Mediapart, Édouard Tétreau explique qu’il « conceptualise et co-organise régulièrement pour des entreprises et institutions ce type d’événements » et tient à rappeler que son marché court sur deux ans : « Merci de préciser [que cela fait] 1 666 euros par mois en moyenne. »
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Entre les mains de Laurent Wauquiez, une blouse de chef encadrée siglée « Institut Paul Bocuse ». C’est là, près de Lyon, que s’est tenu le premier « dîner des sommets », au printemps. Il avait rassemblé une soixantaine de convives.
Celui-ci, tout comme le deuxième au château de la Chaize, ont été organisés dans le plus grand secret. Ils n’apparaissaient pas à l’agenda de Laurent Wauquiez, seul élu présent à chaque édition.
Interrogé, Laurent Wauquiez justifie un événement qui « permet la mise en relation de personnalités issues de tous les horizons » afin de « créer de grandes synergies entre les acteurs de la région ».
Un troisième « dîner des sommets » devait avoir lieu cet automne. Selon nos informations, son organisation est suspendue.
L’opposition estime ces dépenses d’argent public indécentes et illégitimes. Des élus d’opposition ont fait un signalement au procureur de la République.
Les « dîners des sommets » de Laurent Wauquiez
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