Prise au piège de ses relations commerciales avec la Russie, l’Allemagne voudrait éviter un nouveau guêpier. Une « doctrine » intégrant les droits humains et la volonté de se diversifier est donc sur le point de paraître. Pendant ce temps, les multinationales du pays accroissent leur engagement en Chine.
Le très prudent chancelier allemand n’a accepté la fourniture de chars Leopard 2 qu’à la condition que les États-Unis envoient aussi des M1 Abrams, ce qui sera le cas. Mais derrière cette « victoire » apparente, Olaf Scholz a une fois de plus irrité ses alliés et refusé à Berlin une position de « leadership ».
Les gaffes et l’inaction ont conduit Christine Lambrecht à démissionner juste avant un important sommet qui doit, vendredi 20 janvier, décider de l’envoi éventuel de chars d’assaut allemands à l’Ukraine. En attendant, le « changement d’ère » stratégique promis par le chancelier patine.
L’empoisonnement des poissons du fleuve frontière a relancé le bras de fer entre les deux pays riverains. Côté allemand, on veut « renaturer » une région de polders essentiels pour combattre la sécheresse. Côté polonais, on parle de « revitalisation » et d’autoroutes fluviales de la mer Baltique à la mer Noire.
Que veut obtenir Olaf Scholz vendredi à Pékin, face à un hôte toujours plus autocratique, nationaliste et intraitable sur la question taïwanaise ? Alors qu’un débat fait rage sur la dépendance de l’économie allemande à la Chine, il court le risque d’être cantonné dans un rôle de représentant de commerce.
Berlin a présenté un plan de 65 milliards d’euros pour soutenir les plus démunis face à l’explosion des prix de l’énergie. Le financement se fera en partie via une « contribution » sur les « bénéfices aléatoires » des producteurs d’électricité. Une manière d’éviter un vrai impôt sur les superprofits.
Trois artistes irakiens ont retiré leurs œuvres de la Biennale de Berlin en fin de semaine dernière, en désaccord avec les manières d’exposer des clichés d’Abou Ghraib, prison irakienne où l’armée américaine a torturé, violé et tué au début des années 2000. « En quoi une image qui dénonce un crime devrait-elle être cachée ? », s’interroge Kader Attia, commissaire de la manifestation. Retour sur une controverse.
La guerre en Ukraine et le tournant militariste du gouvernement et des élites allemands ont pris de court les puissants mouvements pacifistes. Divisés, ils soulignent le besoin de négociations avec la Russie. Un discours peu entendu par de jeunes générations centrées sur le combat écologiste.
Sous-équipée, utilisée au loin et incapable de défendre le territoire national, l’armée post-réunification a surtout été pensée pour temps de paix. Le conflit ukrainien et la menace russe ont finalement réveillé Berlin qui veut se doter de la « plus grande armée conventionnelle d’Europe dans le cadre de l’Otan ».
La Russie vient de donner une rude leçon de géopolitique à l’Allemagne en lui rappelant sa vulnérabilité militaire et économique. Pour la diplomatie allemande, qui a misé sur la carte russe pendant vingt ans, l’humiliation est profonde, et le constat brutal.
La crise du gaz n’a pas seulement réveillé le lobby nucléaire. Elle est aussi venue renforcer la détermination du gouvernement allemand de relancer massivement la transition énergétique du pays vers le renouvelable. Une vingtaine de lois et de décrets ont été adoptés la semaine dernière. Le parti libéral a du mal à avaler ce paquet et pourrait se poser en frein.
Le leader de la chimie, secteur vorace en gaz, a été l’un des grands artisans de la dépendance allemande au gaz russe bon marché. Aujourd’hui, symbole d’un pays qui s’apprête à passer un hiver très difficile, il n’a aucune solution à court terme face à une crise qu’il n’a pas voulu voir venir.
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