Les propos du président de la République, qui a reproché à plusieurs pays africains d’avoir « oublié de dire merci » à la France, ont suscité la colère du Tchad et du Sénégal. Les dirigeants de ces deux États ont pointé les relents colonialistes de leur homologue français, devenu coutumier du fait.
Le 28 novembre, Dakar et N’Djamena ont annoncé coup sur coup leur volonté de voir l’armée française plier bagage. Des décisions qui mettent à mal la reconfiguration élaborée à Paris depuis plusieurs mois, et le dispositif militaire hérité de la colonisation.
« Ce n’est pas une rupture avec la France comme le Niger ou ailleurs », a assuré à l’AFP le ministre des affaires étrangères tchadien. Cette annonce intervient alors que le Sénégal a également indiqué jeudi que la France allait devoir fermer ses bases militaires sur place.
Les justices française et belge ont mené une vague de perquisitions dans une affaire présumée de corruption, visant notamment des cadres français d’un géant belge du BTP, en lien avec la construction d’un palace au Tchad. L’entreprise a rémunéré un commissaire du renseignement tchadien et retiré des millions d’euros en liquide sur son compte à la Société générale.
Déclenchée après les révélations de Mediapart sur le million d’euros dépensé à Paris par le président tchadien pour l’achat de costumes de luxe, l’enquête du Parquet national financier s’intéresse désormais au patrimoine immobilier de sa famille en France. Celui-ci a été évalué à au moins 30 millions d’euros. Tensions au sommet entre les deux pays.
Les justices française et belge ont été saisies d’une affaire présumée de corruption et d’abus de biens sociaux visant des cadres français d’un groupe de BTP belge, en lien avec la construction d’un palace au Tchad. L’entreprise a retiré des millions d’euros en liquide sur son compte à la Société générale.
Arrivé au pouvoir en 2021 à la mort de son père, Mahamat Idriss Déby Itno a déboursé près d’un million d’euros chez un tailleur de costumes de luxe à Paris, selon une enquête de Mediapart.
Depuis le 15 avril et le début de la guerre au Soudan, plus de 420 000 personnes se sont réfugiées dans l’est du Tchad. Principalement issues des communautés non arabes du Darfour, elles témoignent d’attaques délibérées contre les civils, de multiples crimes de guerre, et dénoncent un nettoyage ethnique.
Invitée par les députés à évoquer la situation au Niger et au Gabon mercredi, la ministre des affaires étrangères Catherine Colonna a déclaré qu’« il n’est pas question de coopérer militairement avec des putschistes ». Une affirmation qui ne résiste pas à l’épreuve des faits.
Le 20 octobre dernier, des marches étaient réprimées dans la capitale. Raflé avec des centaines d’autres hommes, le journaliste Service Ngardjelaï a été torturé et envoyé dans la terrible prison de Koro Toro. Son histoire illustre la violence du régime Déby et les compromissions de la France.
Officiellement, l’opération Barkhane a pris fin en novembre 2022. Pourtant, l’armée française compte toujours 2 500 soldats au Niger et au Tchad, et continue de faire la guerre aux groupes djihadistes. Dans quel but précis, et dans quel cadre légal ? Ces questions restent sans réponse.
Au Tchad, la répression des manifestations de l’opposition, jeudi 20 octobre, a fait 50 morts, selon les premiers bilans. La France a condamné les « violences ». Mais en soutenant le président Mahamat Idriss Déby Itno, Paris a indirectement contribué à ce bain de sang.
Le 14 mai, des stations-service Total ont été saccagées et des ressortissants français ont été pris à partie à N’Djamena. Comme dans les autres pays sahéliens, l’ancienne puissance coloniale est de plus en plus critiquée, en raison notamment d’une présence militaire ancienne et du soutien apporté à la junte au pouvoir.
L’écrivain tchadien Nétonon Noël Ndjékéry retrace un siècle d’histoire transsaharienne dans une fiction poétique et géopolitique qui invente une nouvelle Utopie. Une île, cette fois africaine et mobile, ballottée dans les grandes eaux du lac Tchad.
Depuis un an et demi, la force Barkhane est accusée dans au moins trois cas d’avoir bombardé des civils. Des chercheurs soupçonnent la France de mener, comme les États-Unis au Moyen-Orient, des « frappes signatures », fondées sur une interprétation très contestée du droit de la guerre.