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L’esprit critique « arts plastiques » : des apocalypses et des révélations

Le podcast culturel de Mediapart évoque les expositions parisiennes « Apocalypse. Hier et demain » à la Bibliothèque nationale de France, « Olga de Amaral » à la Fondation Cartier et « Corps In·visibles » au musée Rodin.

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Des enluminures qui prennent vie et prennent sens ; des matières textiles qui deviennent des sculptures et une robe de chambre qui prend forme pour masquer certains aspects d’un corps célèbre que l’on souhaite masquer…

Le podcast culturel de Mediapart parle aujourd’hui de trois expositions à Paris. D’abord, « Apocalypse. Hier et demain », la savante proposition qui vient d’ouvrir à la Bibliothèque nationale de France (BnF). Ensuite, la grande rétrospective que la Fondation Cartier consacre à l’artiste colombienne Olga de Amaral, qui travaille le textile en l’enrichissant d’autres matières. Enfin, l’étonnante enquête sur la généalogie de la sculpture de l’écrivain Honoré de Balzac par Rodin, et le choix pragmatique et artistique de le représenter vêtu de sa robe de chambre, qu’on peut le voir au musée Rodin.

« Apocalypse. Hier et demain » 

« Apocalypse », non pas « Now », mais « Hier et demain », est le titre de l’exposition qui vient d’ouvrir sur le site François-Mitterrand de la BnF dans le XIIIarrondissement de Paris.

Avec un parcours essentiellement chronologique, l’exposition nous mène de l’Apocalypse biblique telle qu’elle fut fixée par Jean de Patmos (dit aussi « Jean le Visionnaire ») à « l’Apocalypse sans royaume » ravivée au XXsiècle par les guerres, massacres et technologies capables de détruire l’humanité dans son ensemble. 

On trouve dans cette exposition, qui cherche à remettre de la linéarité dans un texte qui entrecroise le passé, le présent et le futur, nombre de manuscrits anciens dont les illustrations et enluminures ont fixé certaines de nos représentations de la fin du monde, des chefs-d’œuvre de Dürer ou Goya, des tapisseries anciennes et modernes, quelques planches de bandes dessinées et des extraits de films apocalyptiques, mais aussi des œuvres contemporaines qui travaillent non seulement les images mais aussi les matières des apocalypses en cours ou à venir.

Le commissariat de cette exposition est assuré par Jeanne Brun et Pauline Créteur.

« Olga de Amaral » 

La Fondation Cartier pour l’art contemporain, encore installée dans ses locaux du XIVarrondissement de Paris avant de déménager au Palais-Royal cette année, consacre une roborative rétrospective à l’artiste colombienne Olga de Amaral.

Née en 1932 à Bogota, Olga de Amaral fut une pionnière de ce qu’on nomme le « Fiber Art » qui, dans les années 1960, imposa le textile, alors considéré très majoritairement comme un simple artisanat, dans le champ des beaux-arts.

Si Olga de Amaral est principalement connue pour son travail avec différentes matières textiles, l’exposition montre ce qui s’apparente à de véritables sculptures, utilisant des matériaux allant du crin de cheval à l’or.

L’exposition de la Fondation Cartier, qui est aussi la première rétrospective du travail d’Olga de Amaral de cette ampleur en Europe, contient 80 œuvres créées entre les années 1960 et nos jours : des immenses formats qui emplissent l’espace des lieux du sol au plafond ou des explorations artistiques de dimension plus modestes.

La mise en œuvre de cette rétrospective a été confiée à une architecte, Lina Ghotmeh, qui a voulu proposer une mise en espace homothétique au travail d’Olga de Amaral, jouant des lumières et des transparences du bâtiment, réservant le rez-de-chaussée à des œuvres monumentales et suspendues, et consacrant le sous-sol à des travaux plus intimes, dans une ambiance plus feutrée…

« Corps In·visibles. Une enquête autour de la robe de chambre du Balzac » 

« Corps In·visibles. Une enquête autour de la robe de chambre du Balzac » est le titre de l’exposition qui a ouvert au musée Rodin à la mi-octobre et demeure visible jusqu’au début du mois de mars. Elle est conçue à partir d’une sélection de sculptures issues des collections du musée, de pièces de mode du XIXsiècle du palais Galliera et d’archives inédites de la bibliothèque de l’Institut de France.

Nous sommes là face à une micro-exposition, non par l’ambition qui serait réduite, mais comme on parle de micro-histoire, avec la volonté de décrire l’épaisseur d’un passé circonscrit pour restituer quelque chose de bien plus large.

En l’occurrence, l’ambition est au moins triple : donner à voir le processus créatif d’Auguste Rodin de ses tout débuts jusqu’à la réalisation de la statue ; montrer comment les critères du beau et du moche peuvent évoluer dans une société en quelques décennies et réfléchir à ce que signifie dresser des statues, de qui et comment.

Choisi par la Société des gens de lettres en 1891 pour sculpter un monument à Balzac, Auguste Rodin se lance dans la quête du romancier alors disparu depuis près d’un demi-siècle, et c’est cette quête que nous donne à voir ce parcours dont le commissariat est assuré par Marine Kisiel, conservatrice du département XIXsiècle du palais Galliera, et Isabelle Collet, qui dirige le département scientifique et des collections du musée Rodin.

Avec :

  • Magali Lesauvage, rédactrice en cheffe de l’Hebdo, numéro hebdomadaire spécial enquêtes du Quotidien de l’art ;
  • Margot Nguyen, travailleuse de l’art indépendante ;
  • Guslagie Malanda, actrice et commissaire d’exposition indépendante.

« L’esprit critique » est un podcast enregistré par Gong et réalisé par Karen Beun et Samuel Hirsch.