Sortie en salle de The Square, Palme d'or du dernier festival de Cannes. Épinglage des lâchetés modernes et satire à boulets rouges du milieu de l'art contemporain, le film du Suédois Ruben Östlund est aussi plus et mieux que cela : une réflexion non dénuée de force sur le rapport entre mise en scène, performance et outrage.
Il existe un excellent moyen de passer à côté de ce film aussi mal aimable qu’excitant – et finalement réussi – qu’est The Square. Il suffit de se montrer aussi expéditif que peut l’être Ruben Östlund. On s’empressera alors de juger que l’essentiel de la Palme d’or 2017 tient dans le regard satirique, sinon destructeur, porté par le cinéaste suédois né en avril 1974 sur les lâchetés dont le mâle blanc contemporain se rend trop volontiers coupable. Reconnaissons qu’une telle attitude a pour elle de se fonder sur l’expérience : c’est en effet avec un film où pareil épinglage commandait pour ainsi dire la totalité du champ qu’il y a quelques années, Östlund s’est fait connaître du public français.