Obama en Pologne, 39-45 en hommage groupé, petits relents de guerre froide : et comme souvent, trois romans policiers, de Zygmunt Miloszewski, Arnaldur Indridason et Hervé Le Corre, s’en vont – et avec quel talent ! – explorer le passé proche, ses trous, ses violences. Et ses ombres portées.
« J’exagère« J’exagère ? Corrige-moi si je me trompe, mais est-ce qu’en 1989 tu as vu exploser une espèce de bombe K qui aurait vaporisé d’un seul coup tous les putains d’apparatchiks, toutes les crapules à la solde des soviétiques, toute cette racaille totalitaire ? » À cela, le procureur Teodore Szacki, tribunal de grande instance de Varsovie-Centre, n’a pas grand-chose à répondre. En 1989, à la chute du mur, il avait quatorze ans. Lui, il est de Varsovie 2000 et plus, il roule dans une bagnole moitié GPL pour raisons d’économies, il touche « une paie de fonctionnaire », « la même pour un procureur de la capitale et pour celui d’un trou paumé à la frontière biélorusse ». Il apprécie les restaurants italiens qui ont ouvert ici et là mais ne peut se les offrir qu’une fois par an. Il est davantage calé sur les meilleurs kebabs à proximité du palais.