Automne 1995, au fond du studio, un boîtier crachotait son petit bruit énigmatique. Un bruit régulier, tititititititiiiiiii-tit-tit-tiiiiiii. Le World Wide Web était en train de naître. Le modem était trop bruyant pour qu'on ait l'idée même de dormir. Nous étions quelques uns à tâtonner, à chercher. Un réseau informel, qui éclatera mille fois, se reformera vingt fois, et dont certains se retrouvent ici même douze ans plus loin, sans concertation, mais ni tout à fait par hasard ni tout à fait par coïncidence. Pour ma part, je venais d'entrer à Libération comme reporter après des années passées dans la presse alternative, mais cette porte là, cet Internet dérobé, semblait si prometteuse. Tititititititiiiiiii-tit-tit-tiiiiiii. Il fallait la pousser. Essayer et réessayer encore. Jusqu'à ce que la connexion s'établisse. Là, le modem se taisait enfin. Silence et solitude face à l'écran. L'Internet s'offrait en grand. Il n'y avait rien, et tout à faire.
Net et journalisme: enfin, l’heure du choc culturel !
Et si l'aventure Mediapart résidait dans ceci: la rencontre de deux mondes, deux cultures. Celle du «papier», et celle du Web.
15 mars 2008 à 19h49
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