« Les classiques sont des livres qui, quand ils nous parviennent, portent en eux la trace des lectures qui ont précédé la nôtre », affirmait Italo Calvino. Discussion...
QuQu’est-ce donc qu’un classique ? La question est plus élémentaire que la réponse. «Pendant longtemps, on a pensé que les classiques pouvaient être l’objet d’un consensus, qu’on pouvait s’entendre sur les grands auteurs, les grands textes à lire, indique en entrevue au Devoir Benoît Melançon, professeur et directeur du Département des littératures de langue française à l’Université de Montréal. Il y a trois cents ans, c’était facile: les classiques, c’étaient les auteurs grecs et latins, et voilà la question réglée! Au fil du temps, on s’est aperçu que chaque tradition nationale voulait avoir ses classiques: on a confié à l’école le rôle de les nommer, de les créer.» D’où l’amusante réduction, attribuée à Roland Barthes, mais qui existait déjà au XVIIe siècle : «Les classiques, c’est ce qu’on enseigne dans les classes.» Le professeur Melançon, lui-même spécialiste du XVIIIe siècle, poursuit : «Plus on avance dans le temps, plus il y a d’œuvres dans lesquelles choisir; et des choses sont apparues qui n’existaient pas quand les littératures nationales ont commencé à se poser cette question des classiques.»