Que vaut la vie quand elle n’est plus la vie, quand un époux chéri repose, défunt, au creux d’une maison dévastée, quand un fils a disparu, quand une toute petite fille s’éteint sans bruit au creux du bras de sa mère, quand « l’horreur [a couru] le long des rues désertes », hantées par le passage de « vandales », « guerriers barbus » et autres « brigands drogués », quand un jeune homme lui-même criminel se souvient qu’il fut, quelques années auparavant, une victime épouvantée ? À ces questions déchirantes, Le Livre d’Élias apporte la réponse têtue d’un témoignage en tessons dépareillés, accompagnée en sourdine du bruissement des histoires jamais tues d’une petite ville du Sahel, résonnant naguère des éclats de rire des jours de paix.
L’auteur malien Chab et le tremblement de la vie
Dans une poignante polyphonie poétique revenue du silence de la sidération, le galeriste malien Amadou Chab Touré témoigne de « l’écume des vies guerrières » et de l’émiettement des souvenirs et du dire qui survient après le passage du « vent rouge » de la terreur dans une petite cité du nord du Mali.
Catherine Mazauric (En attendant Nadeau)
26 décembre 2021 à 12h29