«Oncle Boonmee» ou la douce sidération d’Apichatpong Weerasethakul
Belle surprise pour le cercle encore trop étroit de ses admirateurs, l'attribution de la Palme d'or au Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul fut d'abord le choix de la fantaisie d'un jury présidé par un maître du genre, Tim Burton. Au moment où cet Oncle Boonmee sort sur les écrans, Jean-Pierre Rehm, l'un des meilleurs connaisseurs du réalisateur, présente cette œuvre libre et sensuelle. Entretien.
SiSi le jury du 63e Festival de Cannes n'avait pas été présidé par Tim Burton, il n'est pas certain qu'il ait eu la fantaisie de décerner la Palme d'or à Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies anciennes, le nouveau long métrage d'Apichatpong Weerasethakul. Non qu'il s'agisse d'une première reconnaissance pour le jeune réalisateur thaï, déjà récompensé par d'autres prix de ce même festival pour deux films précédents (Blissfully Yours et Tropical Malady). Mais la Palme exige en général une forme que les jurys jugent, peut-être à tort, plus compatible avec un public relativement large. Il a donc fallu pas mal de courage au jury pour préférer Oncle Boonmee à Des hommes et des dieux, par exemple, le film de Xavier Beauvois, unanimement salué par la critique.